Je ne t’écris pas plus longuement pour aujourd’hui car je ne suis guère à mon aise. il y a un avion bôche qui ne cesse de nous embêter, je vais être obligé de me cacher dans mon trou.
9 juin 1918 : Ah ! nous ne sommes pas nés au bon moment.
Depuis hier soir nous sommes dans un village. Pas bien loin des lignes. Toute la nuit elle est bombardée, aussi nous couchons dans les caves. Aujourd’hui dans la journée les bôches ont bien balancé quelques obus mais pas comme la nuit.
4 juin 1918 : Tu as reçu mon carnet de pécule. Tant mieux.
Je t’ai aussi expédié un colis qui contenait mon caoutchouc avec des chaussettes, tu ne l’as sans doute pas reçu encore. J’ai bien peur qu’il n’arrive pas à destination.
Jeanne 29 mai 1918 : Tous au front, ils amèneront peut-être la fin.
Les nouvelles d’aujourd’hui ne sont pas belles décidément qu’est ce que ça fera, je me le demande. Encore si ça faisait finir. Qu’au bout il y ait une fin.
Jeanne 27 mai 1918 : c’est sans doute la censure.
Je suis allée chercher des provisions à la coopérative, ma mère ne pouvait en revenir. J’ai pris un savon 30 sous le même qu’ici 48. Des allumettes que l’on en trouve à nulle part, à mesure je prendrai ce que l’on aura besoin et ma foi sur le tout le bénéfice sera bien grand. Quelle bonne idée de monter ça.
Jeanne 26 mai 1918 : J’ai crevé de faim cette semaine.
Chez nous aussi le temps s’est assombri mais ça ne pleut pas, pourtant ça en aurait besoin. Ma mère a sulfaté ce matin, cette drogue l’a fatiguée. J’avais bien peur qu’elle soit malade.
25 mai 1918 : les jours me paraissent d’une longueur interminable.
Ce matin à 6 heures nous nous mettions en route avec la compagnie pour aller au tir. Nous sommes rentrés il n’était pas loin de 11 heures. En ce moment la compagnie est à nouveau à l’exercice. Ils ne nous laissent pas inactifs, ils ont trop peur qu’on se rouille.
Jeanne 25 mai 1918 : On est moins triste quand il fait soleil.
Le temps ici est toujours au sec, la vigne est bien vilaine ; pour le moment ma mère va sulfater demain.
Jeanne 24 mai 1918 : Le pain est horriblement mauvais.
Heureusement que l’on n’est pas rationné pour cette saloperie mais on ne risque pas de trop en manger.
23 mai 1918 : les journées s’écoulent et la Paix ne vient pas.
J’ai reçu aujourd’hui une lettre de mon père avec un billet de 5 francs. Il me donne de bonnes nouvelles de toute la famille et il m’apprend que Joanny est parti dans la zone des armées comme infirmier. Espérons que la chance ne l’abandonnera, ni lui ni aucun de nous.
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