Recto
9Heures du matin 4 juin 1918
. Ma Jeannot chérie
J’ais reçu hier soir ta lettre du 29 et ce matin
celle du 30. Je les ais lu avec plaisir je suis
bien content de savoir mes deux gosses chéries
en bonne santé, ainsi que toute la famille.
Petite fenotte. Je n’ai rien reçu de toi aux
dates du 27 et du 28 sans doute que ces
lettres ce sont perdues. Tu me dis que tu as
reçu mon carnet de pécule. Tant mieux. J’avais
peur qu’il se perde. Je t’ais aussi expédier un
coli qui contenait mon caoutchout avec des chaussettes
tu ne l’as sans doute pas reçu encore. J’ais bien
peur qu’il n’arrive pas à destination.
. Rien de nouveau pour moi depuis hier.
Nous sommes encore au même endroit mais je
crois bien que ce soir il faudra changer. Encore
une nuit de passée à la belle étoile, je n’ais
pas eu chaud. Le temps a l’air de vouloir
changer, j’ais bien peur que la pluie ne soit
pas loin, il ne nous manque plus que ça.
Depuis hier les bôches nous ont fiché à peu près
la paix. Est-ce que ça durera ? J’en doute
Enfin ! Attendons et espérons. Ah ! vivement
la fin de cette maudite guerre. Malheureuse-
ment je ne crois pas que ca soit près de finir. Il y en
a bien mare pourtant.
. J’ais reçu une lettre de Joanny qui me dit
qu’il était à environ 17 km du front. Dans
un patelin où j’ais passé quand nous étions
dans le secteur de Verdun. S’il y était venu
un peu plus tôt nous n’aurions pas été bien
loin l’un de l’autre et nous aurions peut-être
pu nous voir. Il s’attend à déménager lui
Verso
aussi pour aller dans la Somme. Il t’envoi
bien le bonjour et un gros baiser au Zizou ;
. Tu me dis que Louis est en perme.
Il doit être heureux de revoir sa femme et
son fils. Le temps me dure bien de vous revoir
à moi aussi. Hélas ! je ne suis pas encore prêt
de partir. Ça dégoûte, on se fiche de nous a
plate couture.
. Ma Nonot. Tu me dis que la coopé marche
et que tu en es bien contente, vous pouvez ain-
si réaliser un petit bénéfice qui a son impor-
tance. J’en suis bien content. Il n’ y a que le
pain qui est toujours bien mauvais. Il n’est
pas près à devenir meilleur.
. Rien autre à t’apprendre pour le moment
Au revoir ma Jeannot des bois. Embrasse bien
fort notre gentille Zizi pour son papa qui
vous envoi à toutes deux ses plus douces caresses
ses plus tendres bisettes. Je ne vous oubli pas un
instant et ne cesse de désirer vous revoir au plus
tôt. Bien le bonjour à ta mère, à chez
moi, à toute la famille. Bonne santé et
bonne chance à tous.
. Ton Simon tout à toi et qui t’embrasse
Bien fort ta bouche, tes yeux, ton cou, par-
tout. Souviens-toi. Attends-moi .
je te renvoi trois de tes lettres
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