. 23 Mai 1918
. Ma Jeannot chérie
. Je n’ais rien reçu de toi aujourd’hui. J’espère que ce n’est qu’un retard de la poste
et que demain j’aurai de bonnes nouvelles de mes deux gosses chéries.
Pour moi rien de nouveau depuis hier. Je me porte toujours bien et je t’écris encore du même villa-
Ce matin nous nous sommes levés à la pointe du jour, nous avons monter notre fourbi et
nous sommes parti en marche. Nous sommes rentré à dix heures pour la soupe après avoir prit
une bonne transpirée car il fait toujours très chaud. A midi il a fallu aller passer la com-
pagnie aux douches. Je viens d’arriver il est trois heures et demie et je suis bien fatigué. Je vais
me coucher un moment mais savoir si l’on me fichera la paix. Le soleil vient de se casser en
morceaux, il pleut, ça abattra un peu la chaleur.
J’ais reçu aujourd’hui une lettre de mon père avec un billet de 5 francs. Il me donne de bonnes
nouvelles de toute la famille et il m’apprend que Joanny est parti dans la zone des armées comme
infirmier. Espérons que la chance ne l’abandonnera, ni lui ni aucun de nous. Mon père et ma
mère ont étés très sensibles à la lettre que j’ai envoyé à ma mère à l’occasion de la fête des mères,
suivant la coutume américaine qui veut que ce jour les enfants envoient des fleurs à leur maman.
La pluie a déjà cessé, ça n’a pas duré longtemps.
Petite fenotte. Je ne vois pas grand-chose à te dire. J’espère que la présente vous trouvera tous en
parfaite santé et que demain il me sera possible de te lire. Je n’aime pas rester sans lettre de toi
les journées me paraissent encore plus longues.
. A demain Mamour ! Embrasse bien fort notre diable de Zizou et donne bien le bonjour
pour moi à ta mère, à chez moi, à toute la famille. le temps me dure bien de vous revoir tous
mais il n’y faut pas compter de sitôt. Enfin ! Attendons ! Espérons ! Toujours même
refrain, même chanson. On se fait vieux pourtant … les journées s’écoulent et la Paix ne vient
pas, il nous faut vivre toujours séparés alors que notre plus cher désir serait d’êtres unis
triste vie ! … Triste époque …
. Au revoir mamie chérie. Ton petit homme qui t’adore t’envoi toutes ses plus
tendres caresses et ses plus doux baisers. Vivement … bien vivement la fin de cette
guerre maudite que nous puissions vivre heureux et unis.
. Je t’aime passionnément et je t’aimerai toujours.
J’espère que tes jambes vont mieux et même qu’elle ne te font plus souffrir.
. Ton Simon qui pense à toi continuellement et qui t’embrasse
bien fort partout ! souviens-toi … attends-moi et sois toujours toute mienne
comme je suis toujours tout à toi.
. Simon Collay
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