Nous avons publié la dernière lettre de Simon, en notre possession. Y-en-a-t-il eu d’autres ? On ne peut en douter, en effet, on l’imagine mal ne plus écrire, il y a chez lui une espèce d’accoutumance dont il doit être difficile de se passer. Bien sûr l’urgence n’est plus de mise, le risque de mort a reculé et Jeanne doit voir avec moins d’angoisse le retard du courrier….
Toujours est-il que nous n’avons plus rien. Il le dit clairement, même si l’armistice est signé, cela ne signifie pas que les militaires rentrent chez eux, on a parfois tendance à l’oublier.
A l’aide du journal de marche du 38ème on peut connaitre la fin du parcours de Simon, en supposant qu’il soit dans le gros des troupes et ne soit pas détaché pour une raison ou une autre.
Depuis plusieurs mois le 38ème étaient en Argonne et à l’automne 18 ils sont à l’est de Reims, au sud de Vouziers. A la reprise de la « guerre de mouvement » ils ont comme objectif de remonter vers Sedan, passer la Meuse. Début octobre ils sont au sud de Vouziers, à Marvaux. Le régiment libèrera cette ville le 12. Pour l’anecdote, ils sont à quelques kilomètres de l’endroit où a été abattu Roland Garros le 5 octobre. Le journal fait état de combats d’artillerie très violents.
Le 11 novembre les trouve à Donchery, dans les faubourgs sud-est de Sedan, il leur a fallu pratiquement un mois pour avancer de 40 kilomètres….
L’armistice arrête l’avance du régiment, il semble rester sur place quelques jours, le journal est imprécis. Le 22 novembre ils sont ramenés vers le sud, à Suippes, à l’est de Reims. Trois jours plus tard ils sont à Vitry le François où ils restent jusqu’au 14 décembre Il leur faut 11 jours pour rejoindre Tomblaine, dans la banlieue de Nancy, soit environ 130 kilomètres. Ils y sont pour Noël et y restent jusqu’au 2 février. Ils sont dans un repos entrecoupé d’exercices, de remises de décorations tant pour les hommes que pour le régiment.
Le 4 février est reçu l’ordre de se mettre en route pour la frontière allemande, il leur faut une semaine pour y arriver. Le 12, ils prennent le train en gare de Saarlouis et sont mis en cantonnement à Mayence. Le 3ème bataillon, celui de Simon est chargé de garder la ligne de chemin de fer et le bord du Rhin.
Le 20 mars un regroupement est fait dans le « …Lager », pour la démobilisation. Simon fait sans doute partie de ce groupe puisque sa fiche militaire porte la date du 23 mars pour sa démobilisation…Il est sans doute à Moingt début avril, enfin rentré chez lui.
Mobilisé dès le 2 août, il rentre après 1700 jours loin de chez lui, les permissions ne furent que des parenthèses bien rares et courtes. Il n’a aucune blessure physique, rien n’est signalé dans sa fiche et s’il a été gazé, il ne garde aucune séquelle. Rien n’est dit sur l’impact psychologique de ces longs mois de guerre, mais ce ne semble pas être la préoccupation du moment…
Nous avons oublié de signaler cette citation dont lui-même n’a pas fait état dans les lettres que nous avons étudiées :
« Ordre du régiment n°542 du 1 août 1918. Brancardier très dévoué et courageux s’est signalé au cours des derniers combats en allant relever les blessés sur les points les plus dangereux. Cité à l’ordre du régiment n°486 »
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