Recto
. 18 Novembre 1918
. Bien chère petite fenotte
. J’attends avec impatience de te relire. Hier je n’ais
rien reçu, aurais je plus de chance ce soir ? Je m’en-
nui de rester sans nouvelles sans savoir si vous êtes
en bonne santé, si rien ne vous contrarie. Notre fils
est-il toujours aussi pénible la nuit et notre Zizou
est-elle toujours diable ; va-t-elle à l’école ?
. Pour moi rien de changé depuis hier. Je
t’écris du même patelin, nous n’avons pas encore
déménagé. Ce matin à 7 heures ½ il a fallut se
mettre au travail qui consiste au récupérage du
matériel qui traine de tous côtés ; il y a un peu
de tout et il nous faut êtres prudents car il y a des
grenades, des obus non éclatés … Tout à l’heure nous
allons nous remettre à notre tâche jusqu’au soir.
. Le temps est toujours froid, surtout les nuits
. Je ne sais pas si nous partirons d’ici demain
On s’y attend toujours, ça ne peut tarder.
. Et toi Mamour … Est-ce que ça va ? Est-ce
que rien ne te crée de soucis. Nos deux gosses
vont-ils bien, ainsi que ta mère et toute la fa-
mille. C’est tout de même embêtant de ne pas rece-
voir de lettre et de tirer peine pour ceux que l’on
aime. Ah ! bien vivement que ça soit complète-
ment fini et que je puisse reprendre définitivement
ma place près de vous. Tu peux croire que le temps
me dure. Vivre toujours ensemble, ne plus êtres
séparés, quelle joie Mamie chérie ! Comme nous
serions heureux. Il nous faut encore prendre
patience et il faut encore bien compter trois mois
avant que notre désir ne soit réalisé … Qu’ils
vont me paraître longs ces jours qui nous séparent
encore.
. Au revoir ma Jeannot des bois. Em-
brasse bien fort notre fils et notre fille pour
leur papa qui pense à vous constamment
Verso
et vous envoi à tous les trois ses plus douces
et plus tendres caresses en attendant de pou-
voir vous les prodiguer pour de bon.
. Bien le bonjour pour moi à ta mère, a
ta grand-mère, à chez moi, à toute la fa-
mille. Bonne santé à tous en attendant
impatiemment d’avoir de vos nouvelles.
. Ton petit mari qui t’aime de toutes
ses forces t’envoi de bien douces caresses
et t’embrasse bien fort des millions de fois
comme autrefois alors que nous étions heureux
tu te rappelle ? Espérons que nous ne tarderons
pas de revivre ce beau temps.
. A demain petite fenotte aimée.
N’oublie pas ton Simon qui constam-
ment pense à toi, à nos deux bambinos et
aux beaux jours que nous pourrons revivre
bientôt.
. Je t’adore, toi seule pationnément
et pour toujours.
. – Souviens-toi ! Attends-moi !
. Simon Collay
. 38 infanterie. 4ème compagnie au
. CID Secteur : 73
N’as-tu rien su encore au sujet de ton frère ?
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Notons la dernière phrase de Simon qui demande à sa femme si elle a des nouvelles de son frère : la famille Vachez n’a plus de nouvelles d’Etienne depuis fin août 1914 et apparemment elle ne sait toujours rien de manière officielle. Son acte de décès précise qu’il est mort à Loupmont le 27 septembre 1914, blessures de guerre, jugement rendu le 8 décembre 1916 et transcrit à Moingt le 21 janvier 1917. Alors que sur sa fiche militaire (Montbrison 1907,matricule 1390), il est noté décédé à Saint Benoît ( ? ). Par ailleurs le Journal de marche de son régiment montre de lourdes pertes sur l’attaque du village de Loupmont ( Meuse) qui a duré 3 jours du 26 au 28 septembre. Mis à part les officiers, aucun nom n’est mentionné. Son nomn’apparaît pas non plus sur le site sépulture des hommes.
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