Recto
Dimanche 16 Novembre 1918
. Ma bien chère petite femme
J’ais reçu ce matin ta lettre du 8 courant. Je t’ais
lue avec beaucoup de plaisir et je suis content que
tout aille bien pour mes trois êtres chers. Notre mami
profite bien mais il est toujours pénible la nuit qu’il
passe à crier ou à têter ; ça n’est pas agréable pour toi
et tu ne dois guère dormir. Zizou ne fait plus pipi au
lit … tant mieux car ce serait par trop embêtant a
présent qu’il y a l’autre. C’est elle qui vous a apprit la
fin des hostilités ; depuis elle m’attend, elle croit que je
vais revenir tout de suite … Hélas ! il faut encore atten-
dre. Soyons patients et espérons le retour définitif pour
bientôt. Je suis très impatient petite fenotte, les jours
me paraissent bien longs.
. Mamie chérie. J’ais reçu ta lettre du 8 elle est
allée à ma compagnie où j’étais avant et ma rejoint
ici au dépôt. Tu as dû m’écrire avant le 8, que
sont devenues les autres lettres. Tu me dis que tu n’as
encore rien reçu de moi. Je t’ais pourtant écris le 5
au soir de Gray, tu as bien dû recevoir mes lettres par
la suite.
. Rien de changé pour moi depuis hier. Nous
n’avons pas encore déménagé, ce sera sans doute
pour demain matin, il faut s’y attendre. En atten-
dant nous continuons à faire un bon feu et à nous
tenir au chaud car le froid se fait déjà bien sentir
et il ne fait pas bon rester immobile dehors.
. Et toi mamour ! Que fais-tu ? Il me tarde
d’avoir de tes nouvelles plus fraîches et de savoir si
tout continu de bien se passer pour toute la
famille et si la santé se maintient bonne.
. Dans ta lettre tu me dis que tu crois que nous som-
mes aquigés autant l’un que l’autre. Moi j’espère
bien que nous ne le sommes ni l’un ni l’autre.
Je comprend que tu n’es pas encore complètement
remise de l’accouchement difficile mais petit à petit
cela va revenir et je compte que tu te portera bien.
quand à moi la santé n’est pas trop mauvaise
et j’espère que quand je serai libéré, avec de la
Verso
prudence ça n’ira pas trop mal. Je ne vois pas la
situation en noir et j’espère que nous nous débrouil-
lerons parfaitement et serons heureux … Quelle joie
le jour où je pourrai vous rejoindre pour toujours
Tu verras ma Nonot comme nous serons bien
avec nos deux mamis que tu embrasseras bien
fort pour moi qui ne cesse de penser à vous et
vous envoi à tous les trois mes plus douces et
plus tendres caresses.
. Au revoir Ma Jeannot des bois j’attends
avec impatience une autre lettre qui m’apporte
de plus fraîches nouvelles de ceux que j’aime
Mille bises à nos deux gosses et bien le bon-
jour à ta mère : se porte-t-elle bien ? … J’espère que
le temps ne s’est pas remis à la pluie car ce ne
serait guère drôle si ça abimait la semaille.
. A demain Mamour !
. Ton petit mari qui t’adore de
toutes les forces de son âme t’embrasse
bien fort des millions de fois, comme
autrefois … Souviens-toi … Attends-moi
. Je n’aime que toi … rien que toi et
c’est pour toujours.
. Ton Simon
. Collay
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