12 heures 6 septembre 1918
. Bien chère petite femme
Je suis arrivé à Verdun il y a environ une heure.
Je suis bien fatigué. Ce soir à la nuit j’irai rejoin-
dre ma compagnie en première ligne. Nous sommes
toujours dans les mêmes parages et c’est toujours calme.
. Petite fenotte. Je suis bien ennuyé me voilà en-
core arraché à notre vie commune, à notre bonheur.
Il faut reprendre la vie de brute, loin de tous ceux
qui me sont chers. Pour comble il faut que notre
Zizou soit malade ; je suis très inquiet et il me
tarde de recevoir une de tes lettres qui je l’espère me
tranquilisera sur l’état de notre gamine. Quand
donc la fin de ce cruel supplice, il faut que nous
ayons le caractère bien fort pour supporter tant
d’épreuves, il faut que nous comptions pour bien peu
de choses pour toute la clique qui nous commande.
. Je suis bien chagrin, las et inquiet. Tu ne
peux te figurer ce que je ressens et combien je souffre
moralement. Mercredi j’étais obligé de me tenir a
quatre pour ne pas éclater … Tout de même c’est trop,
bien trop. La cinquième année et l’on ne voit pas
la fin. Enfin ! Rien ne sert de récriminer ça n’a-
vance à rien ; tâchons d’être assez fort pour supporter
l’adversité puisque nous sommes pas assez fort
pour nous faire accorder justice.
. Au revoir ma bien chère petite femme.
Je ne t’écris pas plus longuement pour aujourd’hui.
Embrasse bien fort notre chère Zizou pour son papa
qui vous aime tant et qui est bien ennuyé.
. Tiens moi bien au courant et dis-moi la
vérité, il me tarde de te lire, malheureusement.
Je n’aurai pas de lettre de toi avant après-demain.
Je vais être inquiet jusque-là. Si au moins je
reçois de bonnes nouvelles ? …
. Bien le bonjour pour moi à ta mère,
à ta grand-mère et à chez moi si tu les vois. Je
écrirai demain.
. Oh ! petite femme … petite femme … je t’adore
et je suis bien ennuyé … Quand nous rendra-t-on
notre bonheur d’autrefois … quand pourrons-nous
vivre sans inquiétude ? … Je t’aime ma Jeannot
et je t’embrasse bien fort et bien tendrement, comme
pendant les 12 jours que nous venons de vivre ensem-
ble. Ils ont étés bien courts ces douze jours.
. Je t’aime de tout mon cœur plein de toi.
Ton Simon tout à toi pour toujours.
A demain ! Collay
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