Recto
. 12 septembre 1918
. Ma bien chère petite fenotte
. Je n’ais rien reçu de toi hier, ni je ne t’ais pas
écrit non plus car ça m’a été impossible. Ça le
fait exprès parce que je suis inquiet je n’ais pas
de nouvelles. J’attends de te lire avec beaucoup
d’impatience car je crains que mes deux
gosses chéries ne soient malades. J’espère qu’il
n’en est rien et que ce soir je pourrai te lire
Le temps me dure bien, je ne suis pas tran-
quil.
. Avant-hier soir nous avons pris les autos
vers minuit. Il pleuvait. Nous avons débar-
qué vers les 4 heures du matin et il nous a
fallut attendre les autos qui étaient restées
en panne. Nous nous sommes remis en
route à pied au jour et sommes arrivés à destina-
tion vers les 7-8 heures du matin. Nous
avons passé la journée d’hier dans un
espèce de camp dans un bois. Nous nous som-
mes reposés tant bien que mal et le soir
à six heures nous sommes repartis pour les
avant-postes. Nous nous sommes mouillés
car il pleuvait et nous avons peiné pour
arriver à destination. Il y a beaucoup
de boue et nous n’y voyons rien car la
nuit était tout ce qu’il y a de noire. Nous
avons relevé des italiens. Nous ne sommes
pas trop mal logés seulement il faut nous
méfier les nuits car les bôches viennent faire
des patrouilles jusqu’où nous sommes.
Le secteur a l’air calme. Aujourd’hui
nous avons la pluie sans discontinuer,
de la boue à tenant. Mes souliers pren-
nent l’eau ce qui fait que j’ais les pieds
bien au frais.
. Et toi petite fenotte que fais-tu
j’espère que tu n’es point malade et
que notre gentille Zizi est complètement
Verso
rétablie. Le temps me dure bien d’avoir
de vos nouvelles et de savoir. J’attends que
les lettres arrivent avec beaucoup d’impatien-
ce. Je n’ais rien reçu hier et ne suis pas bien
tranquil.
. Petite fenotte. J’ais réfléchi et je crois
que tu ferais bien de t’abstenir d’aller tra-
vailler, de plus je serais content que tu te
fasse visiter par ta cousine, de façon a
ce qu’on sache si tout est bien et s’il n’y a
pas quelque chose qui ne va pas et qui est
ai besoin qu’on y porte remède. Il faut être
prudents. Méfie-toi et écoute-moi.
Tiens-moi bien au courant et ne me
cache rien et surtout ne te laisse pas aller
Prends des précautions on en prend jamais
trop.
. Au revoir ma Jeannot des bois. Je ne
t’écris pas plus longuement pour aujourd’hui
j’espère que ma lettre vous trouvera tous
en parfaire santé. Embrasse bien fort
pour moi notre gamine et donne bien
le bonjour à ta mère et à toute la
famille.
. Ton petit mari qui constamment
pense à ses deux gosses chéries et qui
leur envoi à toutes deux ses plus dou-
ces caresses, ses plus tendres bisettes.
. Souviens-toi ma Momot ! Attends-
moi. je t’adore de toutes mes forces, de
tout mon plein cœur plein de toi. Je
n’aime que toi … rien que toi et je
t’embrasse tendrement et passionnément,
des millions de fois comme pendant
cette permission qui me parait si loin
J’attends ! … J’attends toujours … que les
Jours sont longs loin de toi … loin de vous
. Ton Simon tout à sa Jeannot des
Bois Collay Ne reste pas
. sans m’écrire je
. tire trop peine
Laissez votre message