. 21 juin 1918
( Collay)
. Tite Nonot chérie
J’ais lu ce soir avec beaucoup de plaisir
ta lettre du 17 courant puis content de
te savoir toujours en bonne santé ainsi
que notre gamine et tous ceux qui nous
intéressent. – Vous avez la pluie tant
désirée et paraît-il, les pommes de terre
sont sauvent. Et bien tant mieux ! car
si elles avaient manqué ça ne serait pas
été rigolo. Notre Zizou est toujours bien
portante mais aussi bien diable. Ça se
tire – bientôt elle va pouvoir aller à l’école
ça la dressera un peu.
. Pour moi rien de nouveau depuis hier.
Nous sommes toujours au même endroit
Je me porte bien, les dents ne me font plus
mal. Je t’écris en vitesse car toute la journée
il m’a fallu travailler : j’ais rangé, ce matin,
mon trou car cette nuit ça a plue et je me
suis réveillé avec les pieds tout mouillés.
Cette après-midi il a fallu faire des claies
avec du branchage et du camouflage.
Je me suis bien piqué les doigts et la
figure pour passer dans les taillis. On est
pas bien forts, il n’en faut pas beaucoup pour
me fatiguer. Nous mangeons toujours froid
Des cuisiniers nous apportent le manger dans
la nuits et il nous faut faire deux bons kilo-
mètres car ils ne viennent pas jusqu’où nous
sommes.
. Au revoir ma Jeannot des bois. J’espère
que ma carte vous trouvera tous toujours en
parfaite santé. Embrasse bien fort notre fille
pour moi et donne bien le bonjour à toute
la famille.
. Ton Simon qui t’aime bien
t’embrasse bien fort et te souhaite bonne
chance. Je ne t’oubli pas un instant
et je t’envoi mes plus douces caresses en
attendant de pouvoir te les prodiguer
pour de bon. J’attends impatiemment.
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