Recto
. 23 juin 1918
. Ma bien chère petite fenotte
. Je t’écris encore du même endroit. Nous avons
un temps bizar. Cette nuit ça n’a pas plue. Aujour
d’hui il fait un vent de tous les diables et il fait
frais : la pluie ne doit pas être loin.
. Rien de nouveau à t’apprendre depuis
hier. Pour nous c’est toujours la même vie peu
attrayante. Je m’ennui énormément et je ne cesse
d’attendre avec beaucoup d’impatience de pouvoir
te rejoindre. Constamment je pense à toi et a
notre Zizou et je trouve le temps bien long.
. Quelle vie ! … Ah ! vivement que ça finisse.
. Les permissions ont repris, il en part un
jour jusqu’à ce que il y ai le 8 du cent dehors. Mon
tour n’est pas encore là, il y en a encore au moins 35
à partir de l’autre tour et je dois avoir le n° 8 ou 9
du tour prochain. Ce qui fait que j’aurai encore 50 jours
a attendre … et d’ici-là les permissions seront bien
à nouveau supprimées. C’est décourageant … il y en
a mare. Si au moins c’était la fin, qu’on puisse
espérer la paix pour bientôt. Au contraire plus ça
va plus il semble que ce doit être encore long. On
nous monte le coup à tenant la bise, les journeaux
sont de plus en plus boureurs de crâne. Ça dégoû-
te complètement … Vivement … bien vivement la
Paix et la fin de tant de massacres et de misères.
Verso
Les lettres viennent d’arriver mais rien de toi
aujourd’hui ; pourtant j’aurais été bien content de te
lire, les journées paraissent plus longues quand je
n’ais pas de lettre de toi.
. J’ais reçu une carte du Louis. il se porte
bien et il est toujours au même endroit. Il me dit
qu’il n’a pas de nouvelles du Georges. Moi non plus et
j’en attends. Il t’envoi bien le bonjour et de bons
baisers à Zizou.
. Au revoir Mamour. J’espère que demain il me
sera possible de lire de bonnes nouvelles de mes
deux gosses chéries que j’aime bien et que j’embrasse
bien fort des millions de fois. Mes plus douces
et plus tendres caresses à toutes deux.
. A demain ma Jeannot des bois. Donne
bien le bonjour pour moi à ta mère, à chez moi
à toute la famille. Bonne santé et bonne
chance à tous et vivement que j’ais la joie
de vous revoir tous. Je m’ennui énormément
j’en ais mare de cette existence de brute.
. Ton Simon qui t’adore et
t’embrasse bien fort sur tes yeux, la bouche,
ton cou, partout ! Souviens-toi ! Attends
moi ! …
. Je t’aime — toi toute
seule . — tu es toute ma vie. – J’attends
. Collay
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