Recto
. 30 Avril 1918
. Ma Jeannot chérie
Décidément nous n’avons pas de
chance ; dans ta lettre du 25 que
j’ais reçu hier soir tu me dis que tu
es encore malade et que tu as vomis
toute la nuit. Et pour comble tu
n’as pas de sucre pour te soigner .
nous vivons une triste époque.
. Je suis bien inquiet et il me
tarde que les lettres soient arrivées,
peut-être pourrais-je lire de meil-
leures nouvelles de ma petite fe-
notte. J’attends impatiemment
Il ne manquerait plus que tu sois
malade sérieusement. J’ose espérer
Centre gauche
que ce ne sera pas et que ce ne sera
été qu’un simple malaise ; bien
assez embêtant tout de même.
. Heureusement que tu me dis que
vous avez un beau soleil ; peut-
être que ça contribura à te remettre
. Notre Zizou, elle, se porte
toujours bien, elle ne cesse de trotter
et de courir les rues. Je préfère la
savoir un peu diable que malade.
. Quand on pourra l’envoyer
à l’école ça la mettra un peu
à la raison, elle obéira mieux.
. Rien de changé pour
moi depuis hier. Je suis en par-
faite santé et regrette beaucoup
qu’il n’en soit pas de même pour
toi . Mais j’espère avoir de tes
bonnes nouvelles ce soir. J’attends !
Centre droit
. Aujourd’hui nous n’avons pas eu
de pluie jusqu’à présent ; il essaie
même de faire soleil mais le temps
est incertain et sujet à de brusques
variations.
. Nous travaillons toujours a
la sape, nous charrions la brouette
pour sortir la pierre car c’est
tout de la pierre, aussi c’est loin
d’aller vite, l’abri n’est pas
près d’être fini.
. Pas autre chose à t’apprendre,
sans doute que nous serons bientôt
relevés d’ici, nous irons dans un
village à l’arrière. A moins que
d’ici là il y ai un plus grand
changement, car il faut s’atten-
dre à toutes sortes de choses plu-
tôt désagréables. Enfin ! Patientons
Verso
le plus possible en espérant que la
chance sera avec nous jusqu’au
bout.
. Vivement la Paix tant
désirée par tous et le retour défi-
nitif près de mes deux gosses ché-
ries que j’aime de toutes les forces
de mon être. Je ne vous oubli pas.
Je pense à vous constamment
et ne cesse d’attendre la fin de
cette cruelle séparation.
. Au revoir ma Nonot des bois.
Ton Simon qui t’adore de toutes
son âme t’envoi ses plus douces
caresses et t’embrasse bien fort
partout, comme pendant la perme
comme autrefois au bois. Souviens-toi
Je n’aime que toi et je t’appar-
tiens entièrement. A demain
petite fenotte aimée.
. Collay
Laissez votre message