Recto
. 27 Avril 1918
Signature
. Ma bien chère petite femme
. J’ais reçu hier soir tes lettres
du 20 et 21 courant, celle du 19
a dû rester en route, elle ne m’est
pas parvenue ; c’est tout de même bien
embêtant que nos lettres se perdent.
Hier soir j’ais reçu le coli que tu m’as
envoyé. Je n’ais pas goûté les fromages
qui ont l’air bien bons. Les pressions
c’est loin de ce que j’aurais désiré ; c’est
tout à fait des grosses pressions qu’il
me faut ; c’est pour mettre dans du
cuir, ça ne se coud pas. Il me les faudrait
à peu près de la grosseur du rond que
je mets en tête de ma lettre ; il m’en
Centre gauche
faudrait deux ou trois. Tu me de-
mandes si je veux un autre coli. Oui
surtout si tu me trouve des pressions
Il me tarde de savoir si tu as reçu
le coli que je t’ai envoyé car j’ais
presque peur qu’il s’égare ou qu’il
ne te parvienne pas entier.
. Petite fenotte. Je suis content
de te savoir mieux portante ; seulement
vous avez toujours un bien vilain
temps, vous avez eu de la neige
et vous craignez la gelée ; il ne
manquerait plus que ça, la gêne
est pourtant déjà assez grande.
Pour comble on vous a encore ame-
né des parisiens, deux cents et encore
de la troupe. Tu me dis qu’au
1er Mais on va vous donner la
carte d’alimentation ; on vous
Centre droit
donnera bien la carte mais si avec
la carte vous ne pouvez même pas
vous procurer ce dont vous avez droit
ce n’est pas la peine qu’ils vous don-
nent de carte, surtout que c’est aussi
la crise du papier.
. Pour moi rien de changé
depuis hier. Je me porte toujours
bien et je suis toujours au même
. endroit
Aujourd’hui il ne pleut pas mais
Le temps est sombre.
. Rien de nouveau par ici, nous
attendons les évènements qui ne
me paraissent que très peu favora-
bles. La bataille a repris forte-
ment dans les Flandres et dans
la Somme et ça m’inquiète
quelque peu. Enfin ! … Attendons
et espérons que la chance ne nous
Verso
ne nous abandonnera pas.
. Aujourd’hui il nous travailler
avec les pionniers qui creusent
une sape, on charrie des brouettes
de pierres. On en fait pas de trop
et ça nous distrait un peu.
. Au revoir Mamie chérie.
embrasse bien notre gentille Zizou
pour son papa et donne bien le
bonjour pour moi à toute la
famille. j’espère que tout a
le l’heure j’aurai une autre lettre
de toi et de bonnes nouvelles de
mes deux gosses chéries auxquelles
j’envoi mes plus douces caresses
et bisettes.
. Ton Simon qui t’adore et t’em-
brasse bien fort et bien tendrement
Je ne cesse de penser à toi. Je n’aime
que toi … rien que toi ma Jeannot
des bois. Souviens-toi ! … J’attends
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