Recto
. Mai
. 1er Avril 1918
( en haut à gauche : Je te/
renvoi trois/ de tes lettes. Dis-/
moi quand tu les auras/ reçu)
. Ma Jeannot chérie
. Ça le fait exprès, comme je
suis inquiet te sachant fatiguée
je n’ais rien reçu de toi hier, aussi
j’attends avec beaucoup d’impa-
tience que les lettres arrivent pour
te lire et avoir, j’espère, de meilleu-
res nouvelles de ma petite femme.
. Je suis embêté, je crains que
tu ne m’ais pas écris parce tu as
peut-être été fatiguée davantage
Le temps me dure bien que les
lettres arrivent. Ça serait vrai-
ment de la déveine si tu étais
Centre gauche
malade. Quelle triste époque tout
de même… si tu étais malade.
comment ferais-tu pour te soigner ;
tout manque et tout est hors de
prix. Et dire que cette maudite
guerre loin de se terminer se pour-
suit et menace de durer encore long-
temps. Rien qui fasse espérer
la Paix ; c’est tout le contraire,
la guerre à outrance, la guerre
horrible. C’est affreux ! c’est igno-
ble. Mais rien à faire, nous
n’avons pas le droit d’avoir une
volonté, il faut nous soumettre
comme de simples forçats, comme
les serfs d’antan.
. Pour moi rien de changé
depuis hier. je me prte bien quoi
que je sois ennuyé. Nous sommes
Centre droit
encore au même endroit mais
nous devons déménager ce soir, nous
aurons une bonne trotte à nous
appuyer.
. Nous avons toujours un bien
vilain temps, toujours la pluie et
la boue. Nous ne sommes pas
à plaindre pour le moment, dans
le secteur où nous sommes. Ça ne
doit pas être pareil pour les pauvres
camarades qui sont dans la
Somme et dans les Flandres. Je
les plains et je ne vois pas arriver
notre tour d’y aller avec plaisir.
. Enfin ! Espérons et patientons
malgré tout. Ça n’avance pas
beaucoup de se faire du mauvais
sang pour cela à l’avance.
. Tout de même la vie est loin
Verso
d’être agréable.
. Au revoir Mamour. Il me tar-
de de te lire pour avoir de tes meilleures
nouvelles. Embrasse bien fort notre
Zizou pour son papa et donne bien
lLe bonjour pour moi à ta mère, a
ta grand-mère, à chez moi, à toute
la famille. Vivement que je puisse
vous rejoindre et reprendre ma
place près de vous. Tu peux croire
que je suis impatient et que la sé-
paration m’est bien dure.
. A demain ma Jeannot des bois
Ton petit mari qui t’adore t’envoi
ses plus douces caresses, et plus tendres
baisers. Souviens-toi nos jours
heureux dont je ne cesse de désirer
le retour. Ton Simon tout a
toi et pour toujours … Je t’aime ! …
Rien que toi ma Nonot.
. Collay
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