Jeanne 18 janvier 1918 : Vivement que tu viennes en perm.

Recto
Moingt le 18 janvier 1918
.                         Vendredi
Mon Simon bien-aimé

.   Je n’ai rien reçu de toi
aujourd’hui C’est sans doute
un retard de la poste car
personne non reçu de secteur
Ce seras sans doute pour
demain. Le temp me dure
quand je ne reçois rien Aussi
il me tarde d’être a demain
pour savoir comment que
tu vas et ce que tu fais
Je me figure toute sorte quand
je ne puis te lire

 

 

Centre gauche

Je veux bien espérer que comme
ici le temp c’est radoucit vers
toi ici il fait toujours chaud
hier il y avait 18 degrés de
chaleur a midi Mais aujourd’
hui il n’y a pas eu de
soleil. Il fait du vent Ca
lasse un temp pareil. Après
le froid qu’il a fait Tu
dois être fatiguer toi aussi
On nous annonçait une
vague de froid il y a
quelques jours Mais je
crois que ce seras une
vague de chaleur Pourvu
qu’il ne pousse pas des
fleurs avant les feuilles
ce seras bien rien Le
temp est comme les gouvernements
il est tout détraquer

 

 

 

Centre droit
La santé et toujours bonne
pour le moment Zizou est
toujours bien polissonne
La grand’mère Génie a
beau se facher Elle ne
peut en venir a bout.
Zizou m’a dit ce soir
qu’elle ne voulait plus me
parler parce que je n’étais
pas gracieuse Il faudrait
lui couper un morceau
de la langue. Elle t’attend
toujours avec impatience Elle
se figure qu’avec le papa
il n’y auras qu’a commander
pour être obéis. Je crois qu’elle
peut se tromper
Il n’y a pas d’autres
nouveaux pour aujourd’hui
c’est toujours même vie

 

 

Verso

triste Le temp me dure.
Vivement que tu viennes en
perm. Je t’attend moi
aussi avec impatience
A demain mon Simon
ta petite femme qui t’aime
te bise bien fort Mes
plus grosses caresses
Tes deux gosses qui
.   pense a toi
.       Je t’aime
Ta Nonot toute a toi
.             Janne