Recto
Le 8 Novembre 1914
Chère femme, parents, oncles et frères
Je vous écris du même village qu’avant-hier. aujourd’hui
je suis de service pour la garde des hissues. Je me porte
bien et j’en espère autant pour toute la famille.
Je viens de recevoir une carte du Louis qu’il m’a
écris de Paris où il est de passage pour se rendre
à Saint Pol du côté d’Arras, il se porte toujours bien
lui aussi. J’attendais une autre lettre de vous je
n’en ai pas reçu. Je n’ai pas de nouvelle
non plus du mandat de 25 f que vous dites m’avoir
envoyé, vous n’oublirez pas de me faire savoir
comment vous me l’avez envoyé. Chère femme :
je pense toujours à toi et à mon petit Zizou
qui doit continuer à profiter, à trotter et à ba
biller. Je m’ennui bien loin de vous et parfois j’ai
des moments de découragement en voyant qu’il faut
toujours attendre pour retourner auprès de ma petite
famille qui est le but de ma vie et de mes parents
(J’ai fait laver mon linge deux fois et j’ai encore de la
vermine. On peu ne peut s’en débarrasser)
Verso
que j’aime. Ma Jeanne soigne bien notre
petite gosse, embrasse la souvent pour moi qui suis
obligé de me priver de ses petites caresses ; soigne l’oncle
aussi qui est si bon pour nous et écris-moi le
plus souvent possible de longues lettres car je suis bien
heureux quand je peux vous lire.
Cher oncle : ton neveu qui t’aime t’envoi ses meilleurs
vœux de santé et de tranquilité que tu partageras
avec mes parents et l’oncle de la Craze. J’espère que
les douleurs que tu ressentais aux jambes te sont
passées et j’espère aussi que mon père ne tousse
pas trop, car voilà l’époque qui n’est pas saine pour
lui. Ici nous avons du brouillard et ce matin je
tousse quelque peu, j’espère que ce ne sera rien.
Bien des choses à tous les amis. Je vous embrasse tous
comme je vous aime : de tout mon cœur. Au plus tôt
de vous lire, j’attends toujours de vos nouvelles. Votre
mari, fils, neveu et frère qui ne vous oublie pas.
Mille caresses et baisers à ma chère Jeannot et à mon
petit Zizou que vous embrasserez tous bien fort pour son papa.
Simon Collay
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