Recto
. Dimanche 13 octobre 1918
. Ma bien chère petite fenotte
. J’espérais pouvoir te lire
. aujourd’hui, mais encore rien.
Décidément je trouve la correspondance longue
à venir. Je m’ennui de rester sans nouvelles.
J’espère que ma lettre te trouvera en bonne santé
ainsi que notre Zizou et toute la famille.
Demain j’aurai sans doute plus de chance. J’au-
rai de bonnes nouvelles de mes deux gosses chéries
j’attends avec beaucoup d’impatience.
. Pour moi la santé n’est pas mauvaise et ce
matin le major m’a fait porter sortant. Je partirais
donc d’ici vendredi soir, peut-être avant. Ça se
tire bientôt j’aurai la joie d’embrasser bien fort
mes deux gosses chéries le temps me dure de vous
revoir. Cette nuit et ce matin ça a tombé de l’eau
le temps est frais, il ne fait pas trop chaud. il ne
fait pas si bon qu’hier.
. Ma Nonot chérie. Le bruit court par ici
que l’Autriche et la Turquie auraient accepté les
14 points de Vilson. Si c’est vrai nous nous rappro-
cherions de la Paix tant désirée, tant attendue.
Vivement … bien vivement que ça finisse. Mais
il ne faut pas s’emballer trop tôt, la désillusion
serait trop grande. Tout de même … si ça pouvait
finir bien vite. Quel bonheur petite femme … avec
quelle joie nous reprendrions notre vie commune.
En attendant ça tape toujours fort et le nombre des
victimes augmente toujours. Vivement l’armis-
tice … la Paix … la fin de tant horribles choses …
le retour à une vie plus digne et plus heureuse …
Il faut encore attendre … longtemps ! on ne sait
Verso
trop qu’en penser. Attendons nous verrons. Mais à présent
je suis dans une impatience fébrile ah ! si les évènements
pouvaient se précipiter. La paix … Vivement la Paix .
. Je ne t’écrirai pas longuement Mamour car je ne
sais plus ce que je tousse, ni ce que je vire.
. Embrasse bien fort pour moi notre grande fille
et donne bien le bonjour à ta mère, à chez moi, à tou-
te la famille. j’espère que tout marche du mieux
possible pour tous et que je n’apprendrai que de
bonnes nouvelles.
. Et pour toi comment ça va-t-il ? le mo-
ment s’approche et j’ais peur que tu ne sois fati-
guée. Il y a beaucoup de chance pour que je me
trouve près de toi au moment critique. Je verrai
naître le deuxième comme le premier. Mais
seras-ce un fils ? …
. A demain Mamie chérie. Demain
j’aurai sans doute une lettre de toi. J’attends
avec beaucoup d’impatience.
. Pas un instant je ne cesse de penser à toi ; a
notre gamine, à tout ce qui est nous. Je t’ai-
me de toutes mes forces, de tout mon cœur
plein de toi et je t’envoi autant de tendres
caresses et bisettes que ma lettre en peut
porter. Souviens-toi ! Attends-moi !
. Je t’adore ! …Je t’embrasse bien fort
. passionnément … comme autrefois ! Comme
pour la perme.
. Ton Simon entièrement à sa Jeannot
des bois.
. Collay
Collay Simon. 38 de ligne. Hôpital com-
. plémentaire 25 ( salle 33bis).
. Secteur : 123
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