Recto
. 3 4 août 1918
. Ma Jeannot chérie
. J’ais reçu avant hier ta lettre
du 30 et hier celle du 31. Je suis très
inquiet de savoir notre Zizou malade
dans ta lettre du 31 tu me dis qu’elle
va mieux mais ce n’est pas ça, elle ne
peut se tenir sur ses jambes et elle est
très maigre. Il ne manquerait plus
qu’elle soit sérieusement malade.
C’est tout de même enrageant qu’il
y ai toujours quelque chose pour nous
ennuyer. Si elle ne se remet pas de
suite, il ne faut pas attendre que le mal
s’aggrave, il faut voir un médecin
Avec la forte chaleur que vous avez
Centre gauche
ça finit de l’esquinter. Tiens-moi au
courant et si elle était plus malade en-
voi-moi une dépêche. Le temps me dure
que les lettres d’aujourd’hui soient arri-
vées peut-être aurais-je de meilleures
nouvelles. Elle n’a jamais étée malade
peut-être qu’elle se remettra vite. Sur-
tout dis-moi la vérité, ne me cache
rien.
. Petite femme. Je ne t’ais pas écrit
avant-hier, ni hier.
. Avant-hier à midi nous avons
pri les autos. Nous avons fait 7 à 8
kilomètres puis les autos se sont arrê-
tées et nous avons planté sur la route
pendant près de 3 heures. Après quoi
les autos se sont remises en routes.
. Nous sommes arrivés à destina-
tion hier matin vers les 2 heures.
. Nous sommes dans un camp et
toujours dans les bois. Les lignes
sont à peu près à 15 km d’ici. Nous
ne tarderons certainement pas de
prendre un secteur par ici. Verdun
ou l’Argonne ; plutôt Verdun je pen-
se.Il parait que pour le moment
c’est tranquil. Je ne m’y fie qu’a
moitié. Enfin ! espérons que tout
se passera bien.
Centre droit
J’attends toujours avec beaucoup
d’impatience de partir en perme. De
pouvoir rejoindre mes deux gosses chéries
malheureusement je ne vois pas trop quand
je pourrai partir. Je n’y comprends plus
rien et ne sais pas à quoi m’en tenir.
. Quelle vie ! Il faut avoir avoir la tête
solide pour pouvoir résister. Ce qu’il
y en a mare tout de même.
. Je suis toujours en bonne santé
mais nous avons un temps affreux. Il
tombe de la flotte à tenant. Je plains
les pauvres copains qui sont en ligne
sans abris, ils doivent en voir de cruelles.
. Ici nous sommes logés dans des
baraquements Adrian, nous ne sommes
pas trop mal. Seulement avec cette
pluie il y a quelque chose comme boue
dehors. Ce matin ma compagnie est
allée au tir avec la pluie sur le dos ;
les camarades vont rentrer tout
trempés. On ne peut pas nous laisser
longtemps tranquils, il faut toujours
que nous soyons harcelés. Ah ! vive-
ment, bien vivement la paix
et la fin de tant de misères.
. Et toi ma Nonot. Les chaleurs
te gêne beaucoup. Tu aurais préfé-
ré que ça se trouve l’hiver ça t’au-
Verso
rai moins fait souffrir . Malheureusement
que pour cela comme pour beaucoup de choses
on ne fait pas comme on veut, si ç’avait
dépendu de notre volonté il n’y aurait pas
eu de mami du tout, ce serait été préférable
C’est fait ! … Tant pis … supportons-en les con-
séquences. Si seulement cette maudite guerre
finissait ; mais plus ça va plus ça devient
acharné, la paix il n’en est pas question.
. Enfin ! Essayons de patienter encore.
. Au revoir ma Jeannot chérie.
Embrasse bien fort notre gamine pour
moi et tiens-moi au courant de sa
santé. Dis-moi la vérité. Les lettres ne
vont certainement pas tarder d’arriver
J’espère que j’aurai de meilleures nou-
velles.
. Bien des choses pour moi à ta mère
et à toute la famille. Le temps me
dure de vous revoir, vivement que je
prenne le train pour Montbrison.
. Ton petit homme qui quoique
bien loin ne cesse de penser à vous
constamment. Mes meilleures caresses
mes plus douces bisettes à mes deux
chéries. Bonne santé et bonne
chance à tous.
. Ton Simon qui t’adore et qui
t’embrasse bien fort et bien tendrement
Souviens-toi. Attends-moi !
. Je t’aime bien … bien … bien.
. Mille bises partout. Collay
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