Recto
. 30 juillet 1918
. Bien chère petite femme
Je suis très inquiet. Voilà deux jours que je
n’ais pas de tes nouvelles et dans ta dernière tu
me disait que tu étais fatiguée. J’ais peur que
tu ne sois réellement malade. Je suis bien
ennuyé et je vais attendre avec beau-
coup d’impatience en espérant que j’aurai
enfin une lettre de toi et de bonnes nouvelles.
Il ne manquerait plus que tu ne sois malade
ce serait le comble ; Vivement demain, le
temps va me paraitre bien long d’ici-là.
. Je ne t’ais pas écris hier. Je n’en ais
pas eu le temps car il faut qu’on se nettoie et
se prépare à passer une revue, pour la remise
de la fourragère sans doute. Je me suis fait
une musette car j’en avais une qui ne tenait
plus debout et qui était dégoûtante. Je me
suis bien piqué les doigts car je ne suis guère
habile à la couture. Enfin elle est fini. Il faut
que je lave ma capote, ma veste ; pas moyen
d’être tranquil.
. Je me porte toujours bien et je com-
mence de me remettre de mes fatigues. Nous
avons un temps superbe. Tout irait bien
si je n’étais pas ennuyé à ton sujet. Vive-
ment que je reçoive une de tes lettres avec
de bonnes nouvelles.
. Je suis aussi inquiet au sujet du
Louis car j’ais appris ici que le camp d’a-
viation de Sommesous avait été bombardé
par les avions. J’ais bien reçu une lettre de
lui mais elle est du 3 et ça se serait pro-
duit après. Espérons qu’il ne lui sera rien
Verso
arrivé de facheux et que j’aurai de ses nou-
velles sous peu. Il me dit que sa femme et
la Claudia ne travaillent plus à la caserne
il n’y aurait plus de travail. La cause est peut-
être bien ce que tu me m’avais écrit au sujet
de mon père. Les voilà bien logées à présent.
Il faut espérer qu’elles se débrouilleront et
trouveront de l’ouvrage.
. Comme je te l’ais écrit avant-hier
si rien de facheux ne se produit je pense
partir en perme vers le 10 du mois prochain
et peut-être avant. Espérons qu’il n’y aura
pas d’accroc d’ici là et que bientôt je pour-
rai biser bien fort mes deux gosses chéries et
tous ceux qui nous sont chers. Tu peux croire
que le temps me dure et que les jours me pa-
raissent longs.
. Au revoir Mamie chérie. Em-
brasse bien fort notre gentille Zizou pour
son papa qui pense constamment à vous
et vous envoi de bien douces caresses et bisettes
Vivement demain que je puisse te lire.
. Bonjour pour moi à ta mère
à ta grand-mère, à toute la famille.
J’espère que tous vous êtes en parfaite
santé.
. Ton petit mari qui attend impa-
tiemment la grande joie de pouvoir te
biser bien fort pour de bon.
. Je t’aime bien … bien et t’embrasse
bien fort et passionnément.
. Je t’adore et j’attends !
. Ton Simon tout à sa Jeannot
des bois. A demain !
Collay
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