. 10 Mai 1918
. Petite femme chérie
Décidément la correspondance recommence à ne pas nous parvenir régulièrement. Je n’ais
encore rien reçu de toi hier, ça fait deux jours sans te lire. Gaurand et Faure n’ont rien reçu eux
non plus, ce qui prouve que ça vient bien de la poste. Je ne t’ais écris hier, j’attendais de te lire avant
après c’était trop tard, les lettres étaient parti. Rien d’intéressant à t’apprendre, sinon que ce coup-ci c’est
tout à fait sérieux, nous allons déménager d’ici et sous peu. où va-t-on nous embarquer ? ça nous l’ignorons.
Enfin ! attendons et espérons malgré tout que la chance ne nous abandonnera pas. Nous sommes toujours
au même endroit où nous attendons les évènements. Ce soir je crois que nous allons aller en marche ; il faut bien
nous habituer aux déménagements, car je crois bien que nos jambes vont nous servir. Le temps est toujours à la
pluie, pourtant nous sommes le 10 et c’est aujourd’hui la nouvelle lune, il devrait faire beau temps. Le bon
Dieu à qui rien n’échappe devrait bien faire le nécessaire et nous faire briller un peu le soleil ; ça ne serait pas de trop
pour sécher la boue et nous sortir un peu le cafard. On vient de nous remettre nos carnets de pécule qui sont termi-
nés. Sur le mien il y a 123 francs. Je voudrais bien te l’envoyer pour me débarrasser car j’ais peur de le per-
dre, surtout si nous allons, comme c’est probable, dans la fournaise. Seulement j’ais aussi bien peur quand l’en-
voyant il se perde aussi. Je veux voir le vaguemestre pour lui demander si l’on peut l’envoyer en valeur déclarée.
Ça coûterait plus cher mais ce serait plus sûre. Rien d’autre à t’apprendre pour aujourd’hui. Je me porte
bien mais j’attends avec impatience de te lire, il me tarde d’avoir de bonnes nouvelles de mes deux gosses chéries
Je m’ennui bien loin de vous. Pour comble les permissions ne vont pas vite et je ne vois pas quand j’aurai
la grande joie de vous revoir. Je devrais être près de vous au commencement du mois prochain mais il n’y
faut pas compter de sitôt. Qu’elle existence tout de même ! quand donc que ce maudit commerce sera-t-il
fini ? J’attends impatiemment mais ça ne vient pas vite ; ça m’énerve … J’en ais mare de vivre toujours en brute
loin de tous ceux qui me sont chers.
. Je viens de manger la soupe. Il faut se préparer pour la marche, nous devons
partir à midi et demi et il est bientôt midi. Je n’ais rien de prêt car je croyais que nous n’aurions pas
marché ; aussi je vais te quitter pour me préparer. J’espère que tout à l’heure j’aurai une lettre
de toi et de bonnes nouvelles de tous ceux que j’aime.
. Au revoir Mamour ! Embrasse bien notre Zizou pour son papa qui trouve
les jours bien longs loin de ses deux gosses chéries. Bien le bonjour à ta mère, à ta grand-mère, à toute
la famille. Bonne santé et bonne chance à tous et au plus tôt la grande joie de vous revoir.
. Ton petit mari qui pense à toi constamment et t’envoi ses plus douces caresses et bisettes
en attendant toujours cet heureux jour de la Paix qui se fait bien attendre.
. Je t’adore de toutes les forces de mon âme et t’envoi de bien douces caresses a partager
avec notre gentille gamine. A demain Mamie chérie. Je t’aime bien … bien … j’attend !
. Ton Simon tout à toi et qui ne t’oubli pas
. Tout mon cœur t’appartient.
. Toutes mes pensées sont pour toi.
. Je t’aime ! Collay
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Le format tout en largeur de cette lettre ne permet pas de respecter la longueur des lignes de Simon, ce qui explique ces retours à la ligne pour 1 ou 2 mots. Le visuel est moins adapté que d’autres courriers, mais nous avons tenu à respecter chaque ligne comme sur l’original.
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