. 6 Mai 1918
( en haut à gauche : Collay)
( en haut à droite : Ton / Simon qui t’aime/
de toutes ses forces / et t’embrasse bien /
tendrement en atten-/ -dant le retour/
près de toi / au plus tôt )
. Ma petite fenotte chérie
. J’ais reçu hier soir ta lettre du 1er et à l’instant celle du
2 courant. Je suis content de te savoir en bonne santé ainsi
que notre Zizou et toute la famille ; je le suis aussi de savoir
que vous avez beau temps et que ta mère ait bien rencontré
pour semer ses pommes de terre, espérons qu’elles viendront
bien car, que la guerre soit finie ou non la gêne sera grande
l’hiver prochain. Avec la fin de la guerre de viendra pas l’a-
bondance, il ne faut pas croire cela. Tu me dis que les gens
à l’arrière sont de plus en plus bêtes ; c’est général, c’est l’abrû-
tissement de plus en plus complet. L’égoïsme domine et chacun
ne voir que pour soi. Quant à Dieu … s’il y en a un … il est
bien cruel puisqu’il a le pouvoir de , avec sa toute puissance
de mettre fin au conflit qui trouble le monde entier et qu’il ne le
fait pas et qu’il endure tant de sanglants massacres, tant
de misères. La religion enseigne que l’on doit rendre le bien
pour le mal, pourquoi alors celui que l’on appelle le Bon Dieu
fait-il le contraire ; pourquoi ne restaure-t-il pas au plus vite
le régime de la Paix, de la Liberté, de la Vérité ; laquelle
hélas ! n’existe plus depuis longtemps. Hypocrisie, calomnie
et mensonge voilà ce qui règne en ce moment sur le monde
On voit de bien tristes choses … que d’injustices ! … J’en suis
écoeuré. Par moment je me demande s’il vaudrait pas mieux que
tous les êtres humains disparaissent à jamais. La terre est riche
pourtant elle pourrait nourrir largement une population bien
plus dense qu’avant la guerre. Et pourtant la misère existe
et les peuples se battent. Pourquoi ? … Oh ! ignorants … ignorants
que nous sommes … On se tue entre nous on massacre la terre
qui nous fait vivre et tous on évoque le droit pour excuse.
C’est à qui écrasera l’autre et voilà comme on observe les
principes du Christ : Aimez vous les uns les autres . Hélas !
nous sommes bien peu de chose et nous ne pouvons rien contre
ce courant d’erreurs et de fausseté ; trop peu comprennent et
sont obligés de se soumettre contre la masse imbécile où
devant les profiteurs.
. Au revoir petite femme. Je ne t’écrirai pas plus lon-
guement pour aujourd’hui car les lettres vont partir. Rien de chan-
gé pour moi depuis hier. suis en bonne santé. Cette nuit ça a
plut, pour le moment il fait soleil et assez beau temps.
Ce matin j’ai lavé ma veste, ce soir nous allons passer a
la chambre à gaz pour éprouver nos masques. A demain
Mamour. Embrasse bien notre Zizou et bien le bonjour à toute famille
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