. 8 Avril 1918
( en haut à gauche : signature)
. Ma Jeannot chérie
. Hier je n’ais rien reçu de toi. J’espère que ce n’est qu’un
retard de la poste et que ce soir je lirai de tes bonnes nou-
velles. J’attends toujours tes lettres avec impatience et
quand je n’en ais pas je suis ennuyé.
. Pour moi rien de changé depuis hier. Je me
porte toujours bien et t’écris encore du même endroit.
Nous avons un bien vilain temps, ça ne s’arrête pas
de pleuvoir, il y a de la boue à tenant et des gout-
tières dans notre abri. Nous plaignons pas trop
car ceux qui sont dans la somme ne doivent pas
êtres aussi bien ; il ne doit pas faire bon rester con-
tinuellement dehors avec un temps pareil.
. Et toi ma petite fenotte. … Que fais-tu ? … Ton
rhume est-il guéri, notre Zizou est-elle toujours
aussi diable. Ton travail marche-t-il ? … Je suis
dans l’attente des lettres, il me tarde de te lire et de
savoir de vos nouvelles, qui je l’espère seront bonnes.
. Mamours ! Ton Simon ne t’oubli pas, con-
tinuellement il pense à toi, à notre Zizi, à tout
ce qui est nous. Je m’ennui loin de toi et l’attente
devient de plus en plus dure, de plus en plus insup-
portable. Vivement que cette maudite guerre soit
finie que nous soyons à nouveau réunis. Je répète
toujours la même chose mais je ne pense qu’à cela
c’est mon seul désir. Comme nous serions heureux
ma Nonot, si notre vie commune nous était rendue
tu verras combien je t’aime … quel bonheur que
d’êtres près de vous, de goûtter vos caresses, comme
je m’efforcerais de vous rendre heureuses. Hélas !
il faut attendre ! … Toujours attendre sans savoir ce que
l’avenir nous réserve. Patientons encore en espérant
que nous pourrons goûter encore de bien douces joies.
. A demain Mamie chérie. Embrasse bien fort
nNotre gamine pour son papa et donne bien le bonjour
à ta mère, à ta grand-mère, à chez moi, à toute la
famille. N’oubli pas ton Simon. Aime-moi au-
tant que je t’aime … bien …bien. Moi je t’appar-
tient entièrement et je t’envoi mes plus douces ca-
resses, comme pendant la perme. Je t’embrasse
bien fort partout ta figure, sur tes yeux, sur ta bou-
che, ton cou, sur tes nénets. Souviens- toi. Attends
moi. ton petit homme qui s’ennui bien d’être tou-
jours aussi loin de ce qu’il a de plus chers.
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