. 20 Mars 1918
. Ma Jeannot chérie
. Aujourd’hui je n’ais rien reçu de toi. J’espère que
ce n’est qu’un retard de la poste et je vais attendre avec
impatience demain soir pour te lire et avoir de vos bon-
nes nouvelles à tous.
. Pour moi la santé n’est pas mauvaise mais
nous avons un temps dégoûtant de la flotte à tenant
et pour comble nous remontons ce soir en ligne. Aussi
je n’ais que très peu de temps car il faut ranger tout
notre fourbi pour être prêts à partir. Quelle vie ! ça
ne finira donc jamais, il y a que de quoi devenir din-
go.Nous avons une bonne trotte à nous appuyer
ce soir et il doit y avoir quelque chose comme boue
nous allons patauger notre aise. Ce qu’il y en a mare
. Enfin ! tout ce que nous pouvons dire et faire
de sert absolument a rien. Ça ne fait rien – ja-
mais je n’aurais crû que les peuples soient aussi
bêtes. Tous comprennent qu’ils sont victimes des capi-
talistes, mais tous endurent se laissent faire et
supportent toutes les misères.
. Au revoir ma Nonot ! A demain. J’es-
père que j’aurai une lettre de toi. Embrasse bien
notre Zizou pour son papa et donne bien le bonjour
pour moi à ta mère, à chez moi et à toute la famille
. Je m’ennui bien loin de toi et cette existence
me devient de plus en plus insupportable. Il y
a bien trop longtemps que sa dure.
. Ton petit mari qui t’aime de tout son
cœur plein de toi et de notre Zizi et qui ne cesse
d’attendre avec de plus en plus d’impatience de
pouvoir vous rejoindre et pour toujours.
. Je t’aime Mamour, ne l’oubli jamais
et soit toujours toute mienne comme je suis
entièrement à toi. Mes plus douces caresses et
des millions de bien douces bisettes.
Ton Simon Collay
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