Jeanne 24 décembre 1917 : On ne voit toujours rien d’une fin prochaine.

Recto
Moingt le 24 décembre 1917
.                         Lundi
.        Mon Simon Chéri
.    Quelle triste veillée de
.    Noël Je n’ai pas
seulement eu de tes nouvelles
aussi je m’ennuie J’espère
en demain pour te lire
car le temps me parait
la moitié plus long quand
je ne reçois rien Ca doit
être sans doute un
retard de la poste
Rien de changé depuis

 

 

 

Centre gauche
hier il fait toujours bien
froid est ce soir plus que
les autres jours. Il fait
clair de lune ce soir il va
geler serrer je crois il va
pas faire bon. Les pauvres
malheureux qui couchent dehors
se rapeleront. Et toi mon
Simon tu dois bien avoir
froid aussi Quand donc
pouras-tu venir te chauffer
un peu et dormir quelques
nuits tranquil On ne voit
toujours rien d’une fin
prochaine Et pourtant le
temp passe et l’hiver s’annonce
bien rigoureux Que de misère
encore a endurer Hélas ! il
faut ce contenter de penser
a toutes ces choses sans pou-
voir rien y faire c’est

 

 

Centre droit
malheureux quand même
Zizou ce porte très bien
seulement le froid la force
a rester dedans Et c’est
bien dure tout de même
quand on a l’habitude de
courir toute la journée Le
temp lui dure que son Papa
vienne Et elle attend avec
impatience l’année prochaine
elle veut faire voir a son
Papa comme elle s’ait bien
compter toutes sortes de chose
Mais ce papa verras bien
que ça Zizou parle bien
mal. Quand faire vivement
que l’on puisse l’envoyer
a l’école ça lui passeras
peut-être J’espère Je suis
allée chez toi a midi

 

 

 

Verso
pour signer les feuilles des
Pompiers Toute la famille
est en bonne santé Et rien
de nouveau a part que Louis
pense venir en perm un de ces
jours.
Au revoir mon Simon a
demain le grand plaisir
de te lire toujours en bonne
santé Mille gros bécots de
ta petite femme qui ne
cesse de penser a toi
Une grosse bise du Zizou
Ta petite femme toute
a toi pour toujours
.    Mes plus grosses
.           caresses
.                 Janne