Recto
. 11 avril 1916
( en haut à gauche :
Je te
renvoie 3 de tes
lettres )
. Ma bien petite femme
. Je viens de recevoir à l’instant tes lettres
du 6 et du 7 courant. J’attendais de te lire avec
impatience, aussi c’est avec beaucoup de plaisir
que j’apprend que tous vous vous maintenez en
bonne santé. Tu me dis que notre Zizou vous fait beau-
coup de sottises, que c’est un vrai petit diable qui gran-
dit à vue d’œil et qui remue avec beaucoup de
facilité sa petite langue. Elle se porte bien, tant
mieux, c’est le principal. Le temps me dure bien
de vous revoir et de me rendre compte des progrès de
notre gamine. Quand serons-nous donc enfin réunis
Tu me dis que quand la petite robe de notre petit
diable sera faite, que tu la feras photographier
fais-toi photographier avec elle, je serais bien
content de vous revoir toutes deux. Tu me feras bien
plaisir. Comme tu m’écris je vois que tes pieds
te gênent toujours un peu, tu as de la difficulté
à faire la route pour aller à ton travail. C’est
vraiment bien embêtant. Tu me dis qu’on parle
beaucoup de la fin de la guerre je me demande
sur quoi les gens se basent pour croire à une fin
prochaine. Rien ne laisse prévoir que ce sera fini
Verso
bientôt ; les massacres continuent du côté de Verdun
et d’ailleurs, les hommes tombent mais les gouvernements
ne s’émeuvent pas ; ils sont résolus ! A quoi ? Ils ne
le savent guère et je crois que c’est notre plus grand
malheur. Je me porte toujours bien, nous n’avons
pas changés de patelin et nous continuons à faire
de l’exercice, marches, etc… Ce matin nous sommes
allés au tir. Ce soir nous devions avoir marche sous
bois mais il tombe de l’eau et je ne sais ce que l’on
va faire. Comme je te l’ai déjà écris j’ai reçu ton colis
de fromages, ils étaient un peu écrasés mais il n’a-
vaient pas de mal ils étaient même bien bon. On
vient de me remettre ton autre colis qui contient
une boite de figues, un fromage et une boite de conserve
le tout est en très bon état et je te remerçi beaucoup
J’ai su par Joanny que Claudius Morel était prison-
nier et blessé. Hier soir j’ai vu Philibert Faure, il
se porte bien, de même que Gaurand et Perroton. Philibert
m’a chargé de bien t’envoyer le bonjour.
Au revoir ma Jeannot aimé. Moi aussi je t’embrasse
bien fort sur ta bouche et je t’envoi mes plus douces
caresses. Mille millions de bisettes à mes deux gosses
chéries. Bien des choses à grand-mère Génie, Belette et
Collay ainsi qu’au grand père et à mes frères. Bonjour
à ta marraine. Bonne santé à tous et vivement que
j’ai le bonheur de reprendre ma place près de vous.
Ton Simon tout à toi et pour toujours. Je t’aime !
J’attend ! J’espère ! Au revoir ma mie des bois
Souviens-toi ! Attends-moi Je t’adore
. Simon
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