Recto
. 27 mars 1916
. Ma Jeannot chérie
( en haut à gauche : en haut à droite :
Mille Je te renvoie
millions 3 de tes lettres
de bien douces
caresses et bisettes
à ce que j’ai de plus cher
au monde. Jeannot. Zizou
Simon Collay )
. Je t’avais écrit le 25 que nous devions nous
tenir prêts à embarquer pour 2 heures de l’après-
midi. Nous avons attendu jusqu’à 9 heures du
soir que nous nous sommes mis en route, nous
nous sommes appuyés 7 ou 8 km pour arriver
à l’endroit où nous devions embarquer, nous
avons encore attendu longtemps avant de pren-
dre place dans les wagons à bestiaux où nous
étions empilés 45. Quand le train s’est mis
en route le jour commençait de poindre.
Nous avons voyagés toute la journée d’hier
entassés comme nous l’étions, nous n’avions
pas nos aises, nous en avions des crampes dans
les jambes. Nous avons débarqué à 5h ½
nous nous sommes ensuite appuyé 7 ou 8 km
pour arriver à 7h1/2 ou 8h du soir au village
où nous sommes encore pour el moment.
Y resterons-nous longtemps ? Je ne crois
pas, peut-être demain nous remettrons-nous
Verso
en route. Mais nous ne savons rien de précis
comme toujours du reste. Nous sommes à proxi-
mité de notre premier secteur, nous sommes
dans le même département. Qui venons-nous
faire ? Nous l’ignorons. Ce prépare-t-il quelque
chose ? Je ne sais. Enfin ! qui vivra verra.
Patientons et espérons que la chance sera avec
nous jusqu’au bout et que nous aurons le bonheur
d’êtres réunis. Comme nous serions heureux ma
chérie d’êtres unis et heureux ; de pouvoir en
commun prendre soin et élever le mieux possible
notre gentille petite Zizou. J’attend et je suis
bien impatient. Je ne sais si nous aurons des
lettres ce soir. Je serais bien content de te lire.
. Au revoir ma chère petite femme. N’oubli
pas ton Simon qui constamment pense à ses
deux gosses qui sont tout pour lui. Mille bisettes
à notre gamine. Bien des choses de ma part aux
trois grands-mères, à mon père et à mes frères.
Bonne santé à toute la famille et que j’ai le
bonheur de vous revoir tous le plus tôt possible
Ton petit mari tout à sa Jeannot qu’il
adore. Je t’aime bien- bien- bien.
J’attend ! J’espère. Au revoir ! je t’embrasse
bien fort sur tes lèvres. Souviens-toi ! N’oublie pas
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