. 20 février 1916
( en diagonale en haut à gauche :
Simon Collay)
. Ma Jeannot chérie
J’ai rejoint ma compagnie. Je suis arrivé juste
pour le repas du matin avec mon ami Barney
que j’avais trouvé en route. Nous avons mangé
tous ensemble avec les provisions que nous avions
apportées ; le vin blanc de mon père et la gnole de
de la maman Génie ont eut leur succès. Nous
devons rester jusqu’au 26 au village où nous
sommes. Je te tiendrai au courant. La pluie
s’est arrêtée. Il fait un temps sombre. En arri-
vant on m’a donné un pantalon neuf que mon
sergent a fait réserver pour moi, il est en velours
bleu orizon, comme tu peux voir ce n’était pas
la peine de raccommoder celui que j’avais.
Le matin notre compagnie est partie à 3 heures
pour faire du service en campagne. Rien de
bien intéressant à t’apprendre. Je suis complè-
tement assommé, me voilà de nouveau
dans cet enfer. Enfin ! Espérons que bientôt
il y aura quelque chose de décisif et que nous
aurons le bonheur de reprendre notre vie commu-
ne : nous serons encore heureux ma Jeannot.
Prends patience. Attends-moi. je t’aime
toi et notre Zizou et j’espère bien que nos
jours heureux ne sont pas terminés. Un million
de bien douces caresses à ma mie des bois et à notre
gosse : Je t’embrasse bien fort sur tes lèvres. Je
t’aime et j’attends. Tout à toi pour toujours
Bien des choses à chez toi à chez moi. ton petit
homme qui pense à toi toujours
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Une longue lacune dans les sources, et cela pour Simon comme pour Jeanne. Bien entendu il s’agit là de la « disparition » des courriers.
De ce fait, cela amène une interrogation : que s’est il passé durant ces deux mois ? On a l’impression qu’il est rentré en permission ( 7 jours au plus) : il fait allusion à du vin blanc et de la gnôle, mais cela peut avoir été envoyé par colis,. Il parle de son ami retrouvé en route et surtout il parle de ce pantalon « gardé pour lui » et qui aurait pu éviter le raccommodage du sien…On imagine mal qu’il ait pu l’envoyer d’autant plus qu’on l’impression que Jeanne a insisté pour le faire. Ce ne sont là que supputations. A la suite de la permission de septembre 15, ils faisaient tous les deux allusion à ce moment : « pendant les 7 jours »… Nous verrons si cela se reproduit et vient confirmer ou non l’hypothèse.
Hélas, nous avons encore un long « trou » puisque la prochaine lettre de Simon sera du 17 mars
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