Recto
. 22 octobre 1915
( en haut à gauche : en haut à droite en vertical :
Je t’aime Hier je t’ai renvoyé
mamie des de tes lettres tu me
bois. J’attend feras savoir si tu les as
j’attend… ! C’est bien long) reçues et combien)
. Ma bien aimée
. petite femme
. J’ai reçu hier soir ta lettre du 18 courant
c’est toujours avec plaisir que je lis tes
lettres qui m’apportent de bonnes nouvelles
de mes deux chéries et de tous ceux qui
m’intéressent. La vie que nous menons
n’est pas très gaie, ce n’est qu’impatience
et ennui. Que l’attente est longue et la
séparation cruelle, et dire que l’on serait
si heureux sans cette maudite guerre. Certe
il ne faut pas se laisser aller, ça n’avance
à rien, il faut se résigner et attendre le
plus patiemment possible en espérant que
nous serons épargnés et que nous n’aurons
pas de nouveaux malheurs à déplorer et
que nous aurons la joie d’êtres à nouveau
réunis que nous serons heureux, que nous
aurons le bonheur de pouvoir élever notre
Zizou et en faire un brave cœur, honnête
et bon. Il nous faut vivre d’espérance et
supporter le présent si terrible.
. Je t’aime ma Jeannot : je ne me lasse-
rai jamais de te le dire, continuellement
je pense à toi et à notre gamine. Machi-
nalement, parfois, je forme des projets pour
nos heureux jours avenir ; je n’ai pas l’am-
Verso
bition des richesses mais celle d’une vie
facile, unie et pleine de tendresse et d’amour
réciproque. Que nous serons heureux mamie
si notre vie commune nous est rendue. Mais
il faut attendre et savoir attendre en se découra-
geant le moins possible.
. Je me porte pas trop mal. Ici le temps n’a
pas changé, il fait toujours froid et du brouil-
lard, c’est le temps d’hiver. Nous sommes tou-
jours au même endroit mais demain nous
devons descendre au village, nous allons y faire
des marches et de l’exercice, et cela, pour
nous reposer. Tu me dis que tu vas m’envoyer
un colis et 5 francs, je te ferai savoir quand
je le recevrai. Dans une lettre je t’avais deman-
dé du camphre, quand tu auras l’occasion
tu m’en enverras. Envoi moi aussi de tes
cheveux et de ceux de la gosse ; j’aurais aussi
désiré une photo où vous soyez toutes deux
quand il te sera possible de le faire tu
me feras plaisir. Au revoir ma Jeannot
chérie, ton Simon t’aime de tout son cœur
plein de nos jolis souvenirs. Embrasse bien
notre Zizou pour moi, parle lui de son papa
qui brule de vous revoir. Je t’aime et te bise
bien fort sur tes lèvres comme pendant
les 7 jours qui ont étés si vite écoulés. Mes
meilleures caresses à ce que j’ai de plus cher
au monde : Jeannot, Zizou, mes deux gosses
chéries et hélas si loin de moi.
. Bien des choses et bien le bonjour pour
moi à ta mère, à ta grand-mère et a
mes parents quand tu les verras. Bonjour
au tonton de la Craze si possible de même
à ta tante et à tous les parents. Au revoir
et bonne santé à tous. Vivement la fin de
la guerre et le retour de notre bonheur.
Ton petit mari. Simon Collay
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