Recto
Le 28 juillet 1915
Ma bien chère femme bien aimée.
Hier soir j’ai reçu tes lettres du 23 et
du 25 courant. Je suis très content de vous
savoir tous bien portants et j’apprend tou-
jours avec plaisir que notre gentille gamine
est toujours douce d’un excellent appétit
et de solides petites jambes ainsi qu’une
petite langue qui cherche à travailler le
plus possible. Ma Jeannot ! nous pensons
être relevés aujourd’hui pour aller au village
mais nous n’avons fait que changer d’avants
postes, nous sommes au Hammel pour
une huitaine de jours. Ici comme à Mont-
brison nous avons continuellement la pluie
ce qui est très embêtant : notre vie ne change
pas c’est toujours pareille et je suis toujours
aussi impatient. Pour les permissions
mon tour n’est pas encore là et je ne sais
même pas si ce sera pour le mois prochain
je n’y compte guère. Ca ne va pas vite !
Verso
Pourtant je serais bien heureux de revoir ma
Jeannot et ma Zizou que j’aime tant ainsi que
mes parents. Je m’ennuie bien loin de vous avec
qu’elle joie je t’embrasserais bien tendrement ma
bien aimée. Souviens –toi comme nous étions heu-
reux et songe à tout le bonheur qui nous sera possi-
ble si j’ai de la chance de sortir de ces terribles épreuves.
Ma chérie : dorénavant il ne sera plus question de
mon oncle entre nous. A quoi bon parler de choses qui
nous chagrines. Laissons cela, parlons de nous, de
nos espérances, de la joie que nous aurions de re-
prendre une bonne vie heureuse, nous travaillerons
et nous ferons notre possible pour que notre enfant
soit aussi bien élevée que possible. Au revoir
ma chère Jeannot. Jamais je t’ai tant aimée
jamais je n’ais été aussi impatient de te revoir
et de t’embrasser bien fort. Ton Simon tout
a toi tout a nos souvenir, à notre amour
Je t’adore et je t’envoi mes plus douces caresses
mes plus tendres baisers . Mille bisettes à notre
Zizou. Bien des choses à mes parents, ainsi
qu’a ta mère et à ta grand-mère . Bonne
santé et bonne chance à tous et que la
joie de vous revoir me soit promise le
plus tôt possible.
Je n’ai jamais eu l’intention de faire des misères à ta mère
et surtout encore moins à présent. Je ne suis jamais cru
le droit de mettre ta mère dehors et il faudrait vraiment être
dénué de tous sentiment. J’ai toujours eu du cœur et
j’ai toujours agis selon ma conscience. Ta mère peut être
tranquille. Si j’en reviens je chercherai plus tôt à lui rendre
service qu’à lui faire du mal.
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