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Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

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Verdun du 29 février au 15 mars

16 mars 2016 Laisser un commentaire

Nous avons  un manque dans nos sources pour le premier trimestre de l’année.  Nous savons que Simon écrit tous les jours et ce manque  peut s’expliquer par des pertes mais on peut émettre d’autres hypothèses pour la période  qui va de  fin février à mi-mars.

Nous savons, par Jeanne[1] que  Simon a écrit les  1, 3 14,16 et 17, le rythme quotidien  est donc rompu. Dans l’autre sens aussi le rythme semble différent, elle précise dans celle du 21 : « je suis fort étonner  que tu es rester si longtemps sans rien recevoir ». Elle  incrimine l’acheminement du courrier, dans les deux sens. Simon lui écrit les 18,19,20. Nous n’avons pas ces lettres mais il doit se plaindre de l’absence de lettre puisque Jeanne lui précise qu’elle en a envoyé 2 entre le  9 et le 14.  Des interrogations donc, mais le  journal de marche du 38ème suggère une autre possibilité :

Le 23 février 1916, la division  fait mouvement  et embarque à la gare de Montdidier. Les 3 bataillons du 38e  partent de cette gare à partir de 23 heures, les deux autres suivant à 3 heures d’intervalle.

Trajet du 38e RI

Transfert en train du 24 au 25 février 1916

Le 25 ils arrivent à la gare de Givry en Argonne (sans précision d’heure)

Le lendemain le 38ème et le 86ème se mettent en marche pour aller dans la région de Verdun , environ 60 kilomètres qu’ils parcourent en 3 jours. Ils cantonnent le soir du 28 à Belrupt,  les 2ème et 3ème bataillons sont logés dans des péniches.

60 km sont parcourus en 3 jours

Marche vers Verdun

On leur accorde une journée de repos le 29.

Le 1er mars Ils se rendent à l’arrière de leurs futures positions  avant la nuit, entre 5 et 10 kilomètres.

Dans l’ordre de bataille qui figure dans le journal de marche, Simon fait partie du 3ème bataillon, le bataillon Julien (c’est ainsi qu’il est désigné pendant les quinze jours qui suivent), il  fait partie de la 11ème compagnie ,  sous les ordres des lieutenants Carrez et Dragol.

Le deuxième  bataillon est affecté autour du village d’Eix tandis que le 3ème  occupe les tranchées de la cote 254, de la Fièveterie et de la Barricade. Cette dernière position est celle de la 11ème compagnie à laquelle on adjoint une section de mitrailleuse.  Nous n’avons pas trouvé la localisation de ces lieux mais on repère sur la carte, la cote 254 et le lieu-dit « la Fièveterie au nord-est d’Eix.

Aucun repère en revanche sur la tranchée de la Barricade, qui se situe peut-être plus au nord. De toute façon on est là dans des distances de quelques dizaines  de  mètres, la limite nord du bataillon est donnée par le ruisseau de Tavanne

les positions du 38e

Le secteur de Eix, carte militaire, Mémoire des hommes

Une carte actuelle est peut être plus lisible…

Le secteur d'évolution du 8e RI

Carte IGN du secteur d’EIX

La cote 254 est en avant de la Fièveterie, le ruisseau de Tavanne coule au nord de la voie ferrée.

 

Le secteur est très disputé : bombardement intensif des cotes 250 et 254, les Allemands sont en position sur les pentes  est  de ces repères. Les hommes sont chargés de renforcer les  organisations défensives. Les liaisons entre tranchées sont rendues  très difficiles.

Le village d’Eix est bombardé avec des obus de  gros calibre. Le bataillon Julien est chargé de faire des boyaux et des sapes de liaison entre les tranchées défensives, constamment  bouleversées.

A l’avant de la tranchée de la Barricade, un ouvrage situé à environ 200 mètres est occupé par l’ennemi. La cote 254 est un enjeu  pour les deux armées : bombardement intense sur la position, survol « en toute liberté » par une escadrille allemande, soit pour constater l’état  des  lieux  soit pour ajuster les tirs….

L’importance de conserver cette position haute permet d’observer les mouvements ennemis : « les guetteurs de la cote 254 signalent l’exécution de travaux à la ferme de Souppléville ainsi que le creusement de tranchées au bois de Cognons, à l’ouest de la route d’Abaucourt à Moranville »  Ces objectifs sont situés entre 1 et 2.5kilomètres du point d’observation[2].

Dans le même temps,  un autre bataillon du 38ème et une compagnie du 86ème sont  envoyés  en renfort au Fort de Vaux. Le commandant Belléculée en reçoit le commandement le 9 mars.

Le jour suivant, les bombardements  sont continus et violents, l’ennemi attaque plus au nord, il est repoussé.

Le 11, c’est la positon 254 qui est visée : le bombardement est le prélude à une violente attaque. Les obus démolissent une tranchée, les hommes sont ensevelis sous les parapets. Deux sous-lieutenants disparaissent, un capitaine est fait prisonnier mais réussit à rejoindre les lignes.

Une contre-attaque, avec  préparation d’artillerie, échoue à reprendre le territoire perdu, elle cause de lourdes pertes  et recule de 150 mètres. Une  tranchée  est creusée à la hâte pour  interdire toute nouvelle avance. Le bilan est lourd : 3 officiers blessés, 2 disparus, 5 hommes tués et 40 disparus.

En outre deux mitrailleuses ont été perdues, enfouies dans les tranchées bouleversées.

Le 12, le bataillon est chargé de remettre en place les défenses  en retrait du secteur perdu, cela se fait en direction du nord de la Fiéveterie.

Les bombardements sont continus sur ce secteur.

 

Le 13 mars,  le bataillon Julien projette la reprise de la cote 254, l’état-major l’autorise puis finalement suspend  à cause de la relève.

Le 14, les travaux de consolidation de défense sont poursuivis et  l’ordre de relève est confirmé  pour  la nuit suivante. Le 415ème régiment remplace le 38ème dans ce secteur.

La relève se fait sous un intense bombardement vers 3 heures du matin. Un lieutenant est tué ainsi que  plusieurs  hommes du bataillon. Le bilan de ces journées est lourd : pour les 3 bataillons il y a 51 tués, 172 blessés et 112 disparus, hommes et officiers confondus.

Ils sont envoyés en cantonnement  à la caserne Bévaux, à Verdun, puis le lendemain ils sont acheminés en automobiles  au sud de Bar le Duc et cantonnent à  Morley, Dampierre sur Saulx, le 3ème bataillon est quant à lui à Villers le Sec.

A la date du lendemain, le 17 nous avons un courrier de Simon.

 

 

Ils restent dans ces cantonnements jusqu’au 21 mars. Ils sont  regroupés sur Saint Dizier.

[1] Jeanne, lettres du  12 et 21  mars 1916.O du 38ème RI au 7 mars.

[2] Mémoire des hommes,  JMO du 38ème RI au 7 mars.

 

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Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

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