Ma Jeannot chérie

Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

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17 mars 1916 : Nous n’avons jamais rien vu de si terrible

17 mars 2016 Laisser un commentaire

Recto

Courtial a coupé à la terrible passe que nous avons vécu

Je ne suis pas costaud

17 mars 1916

Ma Jeannot chérie

Je t’écris du même village qu’hier, nous
n’avons pas encore bougés mais il se pourrait
bien que nous changions d’un moment a
l’autre. Ce matin on nous a passé une
revue et fait un état de tout ce qui pouvait
nous manquer. Je ne sais ce qu’on fera ce soir
peut-être qu’on nous laissera tranquils.
Ca ne va pas trop mal quoique les jambes
me fassent mal, je ne suis pas costaud. je
tousse toujours un peu, je suis faible. Il
n’y a rien d’étonnant à cela avec le régime
et la vie qui nous était faite pendant une
quinzaine de jours, ça m’étonne même qu’il
n’y ai pas plus de malades, j’entend malade
complètement car nous le sommes tous un
peu. Heureusement que l’ordinaire a été
assez abondant hier et aujourd’hui, on a pu
se rattraper un peu. Hier soir nous avons
fait un petit souper avec mes 3 copains
Barnay Giraud et Courtial qui nous a
rejoint il y a deux jours. Je crois t’avoir dis
qu’il avait été malade et évacué il a
eu de la chance car il a coupé à la terrible
passe que nous avons vécu. Nous n’avons
jamais rien vu de si terrible, aucune ba-
taille ne l’a tant étée, ni celle de Champagne
ni les autres, jamais il n’y a eu tant d’artille-
rie de massée sur le même point, il y avait
de quoi devenir complètement fou. Enfin !
j’en suis échapé. Y retournerons-nous ?
Hélas ! qui le sait. Pour le moment nous
sommes à plus de cent kilomètres d’où
nous étions et à une trentaine du front

 

 

 

Centre gauche

Nous avons un temps superbe, il fait un
beau soleil de printemps. Ce soir je suis
de service au poste de police avec mes cama-
rades ; ça n’a rien de pénible et il ne nous
faudrait que du travail comme ça jusqu’a
la fin de cette guerre maudite qu’il me tar-
de devoir finir. Elle ne vient pas vite cette
fin, plus ça va plus il semble qu’elle
doit s’éterniser. Rien ne fait prévoir quelque
chose de décisif, pourtant tous les jours
il y a de pauvres diables qui tombent
Il y en a déjà beaucoup trop de victimes
Ce serait bien temps que ça s’arrête et
qu’on nous rendent à nos familles qui
nous attendent avec angoise.
Chère petite femme. Quand viendra-t-
il ce beau jour qui nous réunira. Au-
rons nous ce bonheur ? Espérons toujours.
La chance sera peut-être avec nous
jusqu’au bout. C’est bien long et
bien dure et pénible. La séparation
est bien trop longue. Comme nous
serions heureux ma chérie si nous pou-
vions être tous les deux pour élever notre
gentille petite Zizou. comme je serais
content de faire mon possible pour
vous rendre heureuses. Je vous aime
bien mes deux gosses chéries ; continuelle-
ment je pense à vous et au jours heu-
reux qui pourraient nous êtres rendus
si cette situation prenait fin, enfin
la paix nous tant désirée, tant atten-
due, se décidait à mettre fin à ce
maudit cauchemar.
J’espère que ma lettre te trouvera
en parfaite santé, ainsi que notre
gamine qui doit toujours te faire
autant de sottises qu’il est possible
d’en faire ; de même que tous nos

 

Il y en a déja beaucoup trop de victimes

Tous les jours
il y a de pauvres diables qui tombent

Centre droit

chers parents à qui tu diras bien des
choses de ma part. Je ne vous oubli pas
personne et j’attend impatiemment
de pouvoir reprendre ma place près
de vous. Je suis content que ma
ma chère petite femme ne souffre plus
pour marcher, que ses pieds soient
guéris et je l’espère pour toujours.
J’espère que tous êtres chers se main-
tiendrons en parfaite santé et que
nous aurons le bonheur de tous
nous retrouver pour l’heureux jour du retour
Au revoir ma bien chère
Jeannot. Ton Simon pense a
toi et à notre Zizou continuellement
vous êtes ce qu’il a de plus cher au
monde. Espérons que nous aurons
le bonheur d’êtres à nouveau réu-
nis, de pouvoir revivre nos beaux
jours de bonheur. Souviens-toi
ma mie des bois. Souviens-toi
combien nous avons étés heureux.
Je t’adore ! mon cœur est toujours
aussi jeune et mon amour aussi
grand. La séparation n’a pas terni
ton image dans mon cœur. Je n’ai
aimé qu’une femme au monde :
c’est toi : je t’aimerai toujours et je
ne crois pas que rien puisse nous
séparés car je crois être payé de retour.
J’ai confiance en ma Jeannot et je
ne l’a croit pas capable d’oublier
un seul instant qu’elle est ma
femme et la mère de notre enfant.

 

 

 

Recto

Que les jours heureux sont courts et les jours de misère bien trop longs.

Du reste tout est cher

Nous nous sommes bien aimés, ma
chérie ; nous nous aimons et nous
nous aimerons toujours. Attendons !
Patientons ! Je t’adore de toutes mes
forces. Au revoir le plus tôt possible.
N’oublie pas de m’écrire et aussitôt que
tu pourras m’envoyer un colis envoi
le moi, du fromage surtout j’en ai grand
envie. Ici nous n’en trouvons pas,
nous ne trouvons pas grand-chose.
Hier nous avons mangé une poule
avec les pommes de terre, une salade
de la confiture. Ca nous a coûté un
peu cher mais nous avions besoin de
nous refaire l’estomac. Le vin ici se
paie un franc le litre, ce n’est pas
bon marché ; heureusement qu’il n’est
pas mauvais. Du reste tout est cher.
Au revoir chère petite femme
Ton petit homme t’envoi ses plus
doux baisers, ses plus tendres ca-
resses en attendant que nous puis-
sions être réunis. Mille bisettes à
notre gosse. Bien des choses à toutes
la famille.
Je t’embrasse bien tendrement
sur tes lèvres. Souviens-toi de nos
jours heureux. Comme c’est loin déja
que les jours heureux sont courts
et les jours de misères bien trop longs.
Enfin ! Attendons ! Patientons.
Tout à toi pour toujours
Je t’aime. J’attend !
Ton Simon     Collay

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Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

Suite à un problème avec notre hébergeur/serveur, le site a perdu les lettres du 14 juin au 31 octobre (43 courriers,). Nous allons rééditer ces correspondances dans les semaines à venir. Merci de votre compréhension.

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