Ma Jeannot chérie

Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

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Jeanne 19 décembre 1915 : aucun de ces beaux messieurs ne parle d’aller vous remplacer

20 décembre 2015 Laisser un commentaire

Recto
Moingt le 19 décembre 1915
( en haut à gauche en vertical :
Tu donneras bien
le bonjour au
Louis de ma
. part )

( en haut à droite en vertical :
Dis-moi
si tu as reçu
mon paquet et
les 5f que je t’ai
envoyer)

( au milieu à l’envers :
Chez toi aussi sont en bonne
santé. Bonne santé pour toi
et mille baisers )

. Le Zizou devient grande et grosse

Zizou me fait toutes sortes de sottises

.          Mon cher Simon

.    J’ai reçu ta lettre du 13 ce soir
je n’ai rien écris hier J’ai pas
travailler a l’usine mais j’en ai profiter
pour racomoder et faire des affaires au
Zizou. Je me suis bien dépêcher. Ainsi
qu’aujourd’hui. Mais je n’ai pu finir
je me ratraperais une autre fois que
j’aurais l’occasion de rester. Le Zizou
devient grande et grosse et il faut remplacer
ces affaires. Et ça coûte beaucoup pour y faire faire
je me range le mieux que je peux. Je retourne
travailler lundi. Le Zizou se porte toujours
bien elle me fait toute sorte de sottises
pour le moment elle veut le porte plume
que j’écris elle apelle ça une queue. Les clefs aussi c’est
des queues. Elle a son langage a elle il faut
bien comprendre. Elle m’a dit de te dire

 

 
Centre gauche

Tu vois elle retient bien ce que l’on dit

Elle m’a dit de te dire
de bien tuer les Boches

Bien le bonjour de bien tuer les Boches
et de vite venir. Quelle t’aime bien :
ce soir elle a pris un grand baton, Elle m’a
dit qu’elle allait voir la trançée qui était
la porte puis elle l’a taper bien fort
alors elle m’a dit qu’elle tirait les boches
Tu vois elle retient bien ce que l’on dit
Quand donc finira ce maudit commerce
comme le temps dure quand pourrons nous vivre
tranquile. A force d’attendre ont se lasse
surtout plus ça va plus tu es mal mener
quand donc viendra le moment où tu ne
seras plus sous cette domination où les uns ont
tout et les autres rien. Les uns endure et les
autres mène une vie scandaleuse. Il y en a
des hommes et des femmes qui mériteraient
bien des coups de fusil a la place des
malheureux quand qui languissent loin des leurs
Que d’orgies ! Quel vie honteuse. Il se passe
des choses abominables. La Paix pour mettre
fin a ces horreurs. Que de malheureux il y
auras encore après qui n’auront plus de
foyer. C’est affreux la guerre surtout

 

 

Centre droit

je préfère t’envoyer ce que je pourrai donner

Aujourd’hui a commencé la journée du Poilu

une guerre si longue, la ruine des uns
la fortune et la bombance des autres
Combatter pour la grande cause que
nous soutenons tous. Et vous reviendrez
couvert de gloire. En effet ils sont beaux
leur discours mais aucuns de ces beaux mes
sieurs ne parle d’aller vous remplacer
C’est au même a faire tout le travail et
encore mal mener mal nourri il faudrait
que vous soyez contents. On n’est obliger d’écouter
et de ne rien dire. Puisqu’il faut y
subir Ce n’est pas ce que l’on pourrais dire
qui avancerait a quelque chose. Aujourd’hui
a commencer la journée du Poilu. De
l’argent pour quelqu’autres qui n’en n’ont
pas assez. Mais jamais je n’est donnez un
rouge liard jamais je ne donnerais rien
ont en a assez fait des quêtes et jamais
tu n’as rien toucher. Alors je préfère t’envoyer
ce que je pourrais donnez. Et je crois bien
que personnes ne doivent rien touchez
ces messieurs ce servent nous avant doivent
ils dire. Et les autres tant pis. C’est
la justice Française.

 
Verso

Le temps me dure de voir finir cette vie de martyre que tu mènes

Peut-être serons nous heureux encore

Mon cher Simon je t’ai envoyer ta chemise
tu dois l’avoir reçu. Ton père t’en ta a envoyer
un autre colis mercredi passer je ne
sais ce qu’il a mis mais il t’a bien écris
pour te le dire. Je t’en enverrais un autre
lundi que je ne payerais pas le port et il
est question sur le journal de d’accorder un
paquet gratuite a tous les soldats du front
pour la Noël où le jour de l’an. Ce serais
pas un beau cadeau mais ce serais toujours 27 sous
d’économiser. Il faut tant économiser aujourd’hui. Le
beurre aujourd’hui a valu jusqu’à 48 sous
la livre. C’est donner. Il parait que c’était le grand
samedi. Je ne le savais pas tant ça passe inaperçu
Le temps me dure de voir finir cette vie de martyre
que tu mènes Je voudrais pouvoir bien te soigner
et dire que l’on te fais que des misères. Courage. Peut-être
serons heureux encore. Et nous ferons comme ont nous a
fait nous vivrons pour nous. Et nous laisserons le monde
tranquil. En attendant reçois mon chéri mes plus doux
baisers de ta petite femme qui t’aime et t’envoie milles
caresses. Ta petite femme pour toujours.

.                          Janne

Je mettrais des chausettes et un autre
tricot de peau les tiens ne doivent pas valoir
grand-chose. Tu donneras bien le bonjour a tes
camarades ton camarade doit bien le temps doit
bien lui durer de revoir ça petite famille
( à gauche de la signature, en biais :
Je t’aime
comme aux
bois tu
te rapelles
des petits coins
que nous étions
heureux)
( à droite de la signature en biais:
Comme
aux 7 jours
Mille grosses
caresses
je t’aime
et j’attends
l’heureux
jour qui
nous réunira
Une grosse
bise sur tes
lèvres)

———————————————————————————————————————————————-
Dans cette lettre Jeanne parle de la « journée du Poilu » : c’est la première fois que ce mot apparait dans nos courriers alors qu’avec le temps il symbolisera le soldat de la première guerre.
Dès les premiers mois du conflit, le mot « poilu » devint d’un usage courant au sens qu’il avait dans l’argot militaire à la fin du XIXe siècle : « courageux », « brave ». Le port de la barbe et de la moustache par les soldats du front participa alors au vif succès que rencontra son emploi pour désigner familièrement le père, le mari, le fils, le frère qui se sacrifie pour les civils de l’arrière.
La « journée du poilu », quant à elle, est organisée pour la première fois le 31 octobre et 1er novembre 1915, date symbolique de la Toussaint. La campagne se fait par voie d’affiche :

Pour inciter les gens à verser de l'argent

Affiche journée du Poilu

Cette première affiche représente deux soldats au front : le cadre est emblématique de la guerre de position. Les ruines visibles à l’arrière-plan, ainsi que l’arbre mort, rappellent les destructions subies par les régions françaises de l’Est et du Nord. Les boisages qui encadrent l’image, le remblai en terre glaise, situent cette scène aux détails particulièrement précis dans une de ces tranchées qui, par milliers, protègent la France. L’aspect héroïque de cette résistance historique contre l’ennemi allemand est illustré par la reproduction du message de Gambetta, héros de la Défense nationale de 1870. Toutefois l’affichiste ne dessine pas le combat, mais une scène de genre dans le style des peintures classiques donnant à voir le repos des soldats. Ici, il construit un contraste éclatant entre le soldat vu de dos, plongé dans l’ombre portée de la guerre, sur le qui-vive, et le soldat assis en pleine lumière. Son sourire irradie violemment, tel un soleil, l’entrée de la casemate, car il vient de recevoir un colis grâce à la collecte organisée à l’arrière. Les deux médailles reproduites en haut à gauche et à droite, parodies de médailles militaires, sont celles que le contributeur recevait en gage de sa participation –

Une deuxième journée est instituée pour le 25 et 26 décembre, encore une date lourde de symbole. Plusieurs affiches existent : celle-ci a été exécutée par le célèbre dessinateur pour enfants, Francisque Poulbot (1876-1946), et incite les Français à cotiser en faveur des « poilus » lors des journées des 25 et 26 décembre 1915.(Il semble qu’elle a également été utilisée pour la première journée)

2e affiche de propagande

Journée du Poilu

Placé dans un cadre bien délimité, en gros caractères rouges sur fond blanc, l’annonce insiste sur le fait que ce sont les autorités de la République – et non des organismes privés – qui se sont impliquées en faveur de cette initiative afin de lui donner plus d’importance. La propagande insiste sur le fait que les mineurs doivent adopter un comportement exemplaire et se montrer solidaires de leurs parents. Au centre de l’image, un dessin proche du dessin de presse représente deux enfants aux visages innocents et implorants qui participent à la quête de fonds auprès des passants. Participant à l’effort de guerre, le petit garçon porte un képi d’infanterie semblable à celui de 1914 et une médaille militaire à sa poitrine. Une petite fille est habillée en infirmière afin de rappeler que les femmes sont aussi engagées dans la guerre. L’émouvant slogan prononcé par ces enfants rappelle aux Français de l’arrière que les braves « poilus » ont le droit de se reposer en permission auprès de leur famille.
Comme souvent à l’époque, l’enfant est instrumentalisé et mis au service de la guerre totale : la propagande étatique cherche à déclencher des sentiments de compassion, voire de culpabilité chez les adultes afin de les amener à cotiser. La date choisie ne doit rien au hasard : le 25 décembre est le jour de la Nativité. L’affiche correspond au souhait de nombreuses familles françaises de voir revenir dans leurs familles respectives les soldats du front pendant la trêve de Noël.
Il apparait clairement que Jeanne ne veut pas participer à cette quête, elle estime que les souffrances endurées suffisent. Elle parle de « rouge liard », une expression liée à une monnaie ancienne. Sous Louis XIV, elle est battue sur du cuivre rouge, d’où l’expression sans doute. Ce sont des pièces de peu de valeur, on voit clairement le ressentiment, l’amertume de notre amie qui ne veut pas donner le moindre sou, avec cette crainte sous-jacente que cela n’arrive pas aux destinataires.…On peut y voir une forme d’antiparlementarisme à l’égard de ces « beaux messieurs »
Il ya d’autres affiches, où l’on retrouve des représentations des poilus, comme dans la campagne d’octobre : une première où on le voit en pleine action lançant une grenade.
Une deuxième plus sereine, où l’on voit deux soldats regardant l’horizon, sans inquiétude apparente.
La troisième, plus coquine, est due à la main du Montmartrois Adolphe Wilette.
On constate que le souhait des deux enfants pour la permission de papa a été exaucé….

affiche de M.Neumont

3ème affiche

Maurice Neumont (1868-1930)

aAffiche de Steinlen

Affiche pour Noël 1915

Théophile Alexandre Steinlen (1859-1923)

Affiche de Wilette

Journée organisée par le parlement

Adolphe Léon Willette (1857–1926)

Sources :
Alexandre SUMPF
http://www.histoire-image.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?i=708
Archives départementales du Cher.
http://www.archives18.fr/article.php?laref=686
Gallica, site de la BNF
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9012753r.r=steinlen+Guerre+mondiale.langFR

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Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

Suite à un problème avec notre hébergeur/serveur, le site a perdu les lettres du 14 juin au 31 octobre (43 courriers,). Nous allons rééditer ces correspondances dans les semaines à venir. Merci de votre compréhension.

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