Recto
. 7 décembre 1915
( en haut en vertical :
J’ai trouvé
ces quelques fleurs
dans un terrain qui autrefois
devait être un jardin
Pour le moment c’est tout cou-
vert de détritus. Ces
quelques fleurs étaient
le long d’une haie
qui les a préservées
je t’aime !
bien
ci-joint deux de tes lettres
Fais moi savoir quand tu les recevras.
. Ma Jeannot
. bien aimée
. Nous voilà de nouveau aux avants-postes.
A minuit il a fallu se lever, se préparer et prendre
la route ; nous avons pataugés notre aise dans la
boue. Comme je te le disais hier : pour le moment
mon peloton est au village à l’arrière des avants-
postes et où loge notre colonel. Nous y sommes arrivés
il était à peu près 2h1/2 du matin. Pour le moment
nous sommes assez bien logés, dans une espèce de
petite chambre. Que nous fera-t-on faire, à quoi
serons-nous employés. Je ne sais pas encore mais
je crois que. Comme nous nous y attendions
nous ne pourrons rien nous procurer à manger
il n’y a absolument rien et aucun civils ; pour
boire, peut-être pourrons-nous nous procurer
quelques litres de vin au village plus en arrière
Verso
si toutefois nos officiers veulent bien nous autoriser
à y aller ; je n’y compte pas trop. Pour comble de
malheur l’eau n’est pas bonne du tout, elle
sent mauvais et ce matin nous avons eu un triste
repas, tout avait le goût puné : le café était
absolument imbuvable. Trouveront-ils d’autre
eau pour faire la cuisine : c’est bien à souhaiter
car vraiment ce serait dégoutant. Enfin ! Patientons
puisque nous ne pouvons faire autrement.
Chère petite femme : hier je n’ai encore rien reçu
de toi, j’espère que malgré cela tout va pour le mieux
pour tous ceux qui me sont chers. Du reste j’ai reçu
une lettre de mon frère Joanny, datée du 3 courant,
il me donne de bonnes nouvelles de ma Jeannot et de
ma Zizou ainsi que de mes parents ; il me dit que
mon père ne tousse pas trop et que le travail marche
assez bien ; c’est fort heureux et il est à souhaiter que
ça dure ainsi et que cette guerre maudite et terri-
ble prenne fin le plus tôt possible. J’attend im-
patiemment et je ne suis pas seul. Aujourd’hui
nous n’avons pas trop mauvais temps, un peu de vent.
La distribution des lettres n’est pas encore faites j’es-
père qu’aujourd’hui je pourrai te lire et apprendre de
vos bonnes nouvelles. Au revoir ma Jeannot.
Ton petit homme t’aime bien et t’embrasse de
tout son coeur, ainsi que notre petite gamine.
Bien des choses à chez toi et à chez moi. Bonne
santé à tous et au plaisir de vous revoir bientôt
et de reprendre ma place près de vous.
Ton Simon qui t’adore et t’envoie ses plus
tendres caresses. Souviens-toi des 7 jours si
courts. Je t’aime ! Je ne me lasserai jamais
de te le répéter. Je t’aime ! de toutes mes forces
au revoir mes deux gosses bien-aimées. Ton [ mari?]
et pour toujours. Simon
Bien le bonjour de mes camarades Collay
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