. 9 juin 1916
. Chère petite femme
. Aujourd’hui je n’ais pas eu de lettre de toi mais
j’ais reçu ton colis en très bon état, tout y était : bretelles,
porte-monnaie, blague, mollettes et fromages. Je te remerci
beaucoup. J’ais aussi reçu une lettre du Louis, il se porte tou-
jours bien mais lui aussi ne trouve pas la vie actuelle bien
belle, il a un peu le cafard. Il m’a renouvelé qu’il t’avais
trouvée en meilleure santé qu’à l’autre permission, il trouve
notre Zizou bien jolie et intelligente et il vous embrasse bien
toutes deux.
. J’espère que demain je pourrai te lire. J’attends toujours
tes lettres avec impatience, il me les faut pour me faire prendre
patience. C’est si dure de vivre loin de ce que l’on a de plus cher
au monde. Je les aime tant mes deux gosses chéries.
Aujourd’hui nous n’avons rien fait, nous avons eu repos. Nous
avons nettoyé nos armes et j’ais rangé mes affaires.
. Ce matin il tombait encore de l’eau mais le temps s’est
rangé dans la soirée, nous avons même eu un peu de soleil,
je ne sais si ça durera. Demain il faudra sans doute se
lever à 4 heures pour retourner travailler aux avants-postes
à moins que nous ne prenions le service par ici mais il
est à peu près sûre que nous irons travailler. Espérons
que le beau temps se maintiendra et que nous ne prendrons
pas la radée comme hier ; ce n’est pas du tout agréable.
Rien de nouveau par ici, la vie est toujours aussi bête et
abrutissante. Au repas du soir nous n’avons toujours pas de
vin et rien à boire ; la ration de viande est moins forte
qu’aux avants-postes, il n’y a pas lourd pourtant
l’appétit est aussi fort ici qu’aux avants postes et quand on
a trotté et travaillé toute la journée comme hier il est mê-
me plus fort et on endurerait bien d’avoir un peu de vin ou
une autre boisson pour prendre son repas. Je plains les pauvres
diables qui n’ont pas un peu d’argent à leur disposition.
On a appris par les journeaux que le fort de Veaux était pris
par contre les russes avancent et tapent fort et les italiens
tiennent bon. Ah ! si ça pouvait amener un résultat, je
n’ose pas l’espérer. Quand finira-t-elle cette guerre ! Quand
serons-nous Enfin réunis. Je suis bien impatient ma
Jeannot, le temps me dure d’être heureux près de toi et de
notre gentille petite gentille Zizou. aujourd’hui j’ai coulé de l’alu-
minium pour faire un médaillon pour mettre sa photo,
si tu pouvais m’en envoyer une autre, je voudrais garder
celle-là comme ça.
. Au revoir mamour… ton Simon t’aime de tout
son cœur qui est toujours aussi jeune et de plus en plus
plein de tendresse pour mes deux gosses chéries . Bien des
choses à toute la famille. bonjour aux grands-mères Belette
et Génie ainsi qu’à mon père et ma mère. J’espère que
ma carte vous trouvera tous en parfaite santé sans que
rien de facheux ne se soit produit pour aucun de mes êtres
chers. Ton petit mari qui pense continuellement à toi
et qui t’envoi ses plus douces caresses, ses plus tendres
baisers. Mille bisettes à notre Zizou. Je t’embrasse bien
fort sur ta bouche. Comme autrefois souviens-toi !
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