Recto
![Demain matin à 4 heures il faudra se lever, à 4 et demi nous nous mettrons en route](https://lettres1418.org/wp-content/uploads/28-7-juin-recto.jpg)
Ce matin à 6 heures nous étions au travail
. 7 juin 1916
( en haut à droite : ( en haut à droite :
Je te renvoi mille millions de
4 de tes lettres) bien douces caresses
. Je t’adore
. Simon
. Collay)
. Ma Jeannot chérie
. Ce matin à 6 heures nous étions au travail
Nous fabriquons un abri à la gare de la
petite ville où nous sommes ; un abri en cas de
bombardement ; nous sommes revenus pour
manger la soupe, à midi et demi nous devons
repartir. Nous n’avons pas encore eu la pluie
d’aujourd’hui mais le temps n’est pas sûre
il peut tomber de l’eau d’un moment a
l’autre. Demain matin à 4 heures il faudra
se lever, à 4 et demi nous nous mettrons en
Verso
![Cette existence me pèse de plus en plus lourdement.](https://lettres1418.org/wp-content/uploads/29-7-juin-verso.jpg)
Je suis de plus en plus abruti.
route pour aller travailler aux avants-postes,
nous ne reviendrons que le soir. A notre repas,
d’hier soir nous n’avions rien pour boire, ni vin
ni thé. Je ne sais si ce soir ce sera pareil.
. Je me porte toujours assez bien mais je suis
de plus en plus abruti. Cette existence me pèse
de plus en plus lourdement. Je m’exaspère en voyant
que rien ne fait prévoir la fin de cette maudite
guerre. La séparation est bien trop longue, mamour,
je pense continuellement à toi et à notre gamine
je ne cesse de désirer l’heureux jour qui nous réu-
nira et nous rendra tout notre bonheur, tout notre
amour. Nous serions bien heureux tous les trois,
pourquoi suis-je si loin et si longtemps éloignés
de vous que j’aime tant, privé de vos caresses que
j’ambitionne et ne pouvant vous prodiguer les
miennes. Que la vie est donc triste…pourquoi
pourquoi tant de malheurs, de massacres et
de douleurs. Quelle sera le résultat de tout cela
Je crois à beaucoup de misères après cette mau-
dite guerre qui aura fait tant de veuves, d’orphe-
lins et de mutilés. Que de ravages ! … Pauvre
humanité… où sont donc tous ces principes
d’unions sociales et de fraternité des peuples.
Que de désillusions ! …
. J’ais été interrompu. Il a fallu partir au travail
Nous en sommes revenus à 4 heures ½. Nous avons
mangé la soupe et comme hier nous n’avions
ni vin ni thé, que de l’eau. Nous avons eu encore
la pluie. J’ais reçu ce soir ta lettre du 4 courant
qui m’apporte de vos bonnes nouvelles. Tu me dis que
notre Zizou devient un peu plus sage. Tant mieux,
petit à petit elle deviendra moins turbulente. Elle pense
souvent à moi et vous lui en causez. Crois-tu qu’elle
se rappelle ? … Le travail n’est pas des plus brillant.
C’est assez embêtant ; certe nous ne sommes pas des plus
malheureux, si nous ne sommes pas les plus riches nous
avons notre amour si grand et si sincère qui nous procure
un grand soulagement. C’est si bon de pouvoir accorder
pleine confiance à ce que l’on a de plus cher au monde
tu fais ton possible pour moi, tite femme, je t’en
remerci de out mon cœur plein de toi et de notre Zizou
. Je te ferai savoir aussitôt que j’aurai reçu le coli que
tu m’as envoyé. Quand serons nous donc enfin réunis
à nouveau. Dieu que c’est long. Je n’ais pas besoin
d’argent pour le moment, j’économise tant que je peux
sans trop me priver. Au revoir petite chérie peut-
être aurai-je encore la joie de te lire demain soir et
d’avoir de bonnes nouvelles de vous tous que j’aime.
Mille bisettes à notre Zizou, j’embrasse bien
fort vos deux images en songeant à tout le bonheur
que nous aurons le jour où nos serons réunis
pour toujours. Bien des choses à ta mère, à ta grand-
mère et à mes parents. Bonne santé à tous et vive-
ment la fin de ce terrible cauchemard. Je t’adore !
j’attend impatiemment ! Je t’embrasse des mil-
lions de fois sur ta bouche comme pour les 6 jours
trop courts, comme quand nous n’étions que deux a-
[….] bien épris l’un de l’autre. Où donc ce beau
[….] . Je suis tout à toi. Toutes mes pensées vont vers mes
. deux gosses aimées.
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