Ma Jeannot chérie

Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

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7 juin 1916 : où sont donc tous ces principes d’union sociale et de fraternité des peuples.

7 juin 2016 Laisser un commentaire

Recto

Demain matin à 4 heures il faudra se lever, à 4 et demi nous nous mettrons en route

Ce matin à 6 heures nous étions au travail

.                                                 7 juin 1916
( en haut à droite :              ( en haut à droite :
Je te renvoi                           mille millions de
4 de tes lettres)                    bien douces caresses
.                                               Je t’adore
.                                                 Simon
.                                                 Collay)
.                  Ma Jeannot chérie
.   Ce matin à 6 heures nous étions au travail
Nous fabriquons un abri à la gare de la
petite ville où nous sommes ; un abri en cas de
bombardement ; nous sommes revenus pour
manger la soupe, à midi et demi nous devons
repartir. Nous n’avons pas encore eu la pluie
d’aujourd’hui mais le temps n’est pas sûre
il peut tomber de l’eau d’un moment a
l’autre. Demain matin à 4 heures il faudra
se lever, à 4 et demi nous nous mettrons en

 

 

 

 

Verso

Cette existence me pèse de plus en plus lourdement.

Je suis de plus en plus abruti.

route pour aller travailler aux avants-postes,
nous ne reviendrons que le soir. A notre repas,
d’hier soir nous n’avions rien pour boire, ni vin
ni thé. Je ne sais si ce soir ce sera pareil.
.    Je me porte toujours assez bien mais je suis
de plus en plus abruti. Cette existence me pèse
de plus en plus lourdement. Je m’exaspère en voyant
que rien ne fait prévoir la fin de cette maudite
guerre. La séparation est bien trop longue, mamour,
je pense continuellement à toi et à notre gamine
je ne cesse de désirer l’heureux jour qui nous réu-
nira et nous rendra tout notre bonheur, tout notre
amour. Nous serions bien heureux tous les trois,
pourquoi suis-je si loin et si longtemps éloignés
de vous que j’aime tant, privé de vos caresses que
j’ambitionne et ne pouvant vous prodiguer les
miennes. Que la vie est donc triste…pourquoi
pourquoi tant de malheurs, de massacres et
de douleurs. Quelle sera le résultat de tout cela
Je crois à beaucoup de misères après cette mau-
dite guerre qui aura fait tant de veuves, d’orphe-
lins et de mutilés. Que de ravages ! … Pauvre
humanité… où sont donc tous ces principes
d’unions sociales et de fraternité des peuples.
Que de désillusions ! …
.    J’ais été interrompu. Il a fallu partir au travail
Nous en sommes revenus à 4 heures  ½. Nous avons
mangé la soupe et comme hier nous n’avions
ni vin ni thé, que de l’eau. Nous avons eu encore
la pluie. J’ais reçu ce soir ta lettre du 4 courant
qui m’apporte de vos bonnes nouvelles. Tu me dis que
notre Zizou devient un peu plus sage. Tant mieux,
petit à petit elle deviendra moins turbulente. Elle pense
souvent à moi et vous lui en causez. Crois-tu qu’elle
se rappelle ? …      Le travail n’est pas des plus brillant.
C’est assez embêtant ; certe nous ne sommes pas des plus
malheureux, si nous ne sommes pas les plus riches nous
avons notre amour si grand et si sincère qui nous procure
un grand soulagement. C’est si bon de pouvoir accorder
pleine confiance à ce que l’on a de plus cher au monde
tu fais ton possible pour moi, tite femme, je t’en
remerci de out mon cœur plein de toi et de notre Zizou
.   Je te ferai savoir aussitôt que j’aurai reçu le coli que
tu m’as envoyé. Quand serons nous donc enfin réunis
à nouveau. Dieu que c’est long. Je n’ais pas besoin
d’argent pour le moment, j’économise tant que je peux
sans trop me priver. Au revoir petite chérie peut-
être aurai-je encore la joie de te lire demain soir et
d’avoir de bonnes nouvelles de vous tous que j’aime.
Mille bisettes à notre Zizou, j’embrasse bien
fort vos deux images en songeant à tout le bonheur
que nous aurons le jour où nos serons réunis
pour toujours. Bien des choses à ta mère, à ta grand-
mère et à mes parents. Bonne santé à tous et vive-
ment la fin de ce terrible cauchemard. Je t’adore !
j’attend impatiemment ! Je t’embrasse des mil-
lions de fois sur ta bouche comme pour les 6 jours
trop courts, comme quand nous n’étions que deux a-
[….] bien épris l’un de l’autre. Où donc ce beau
[….] . Je suis tout à toi. Toutes mes pensées vont vers mes
.                                        deux gosses aimées.

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- Jacques, collectionneur, a découvert le corpus de travail
- Anne, documentaliste, en a saisi l'importance et l'exploitation possible
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Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

Suite à un problème avec notre hébergeur/serveur, le site a perdu les lettres du 14 juin au 31 octobre (43 courriers,). Nous allons rééditer ces correspondances dans les semaines à venir. Merci de votre compréhension.

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