![Ton travail ne marche pas, décidément tout s’en mêle](https://lettres1418.org/wp-content/uploads/31-14-juin-1.jpg)
Soigne-là bien notre petit diable
. 14 juin 1916
( en haut à gauche :
Ton
petit
homme
qui t’embrasse
bien fort sur ta
bouche. Je t’adore
et j’attends
Collay)
. Ma Jeannot chérie
Hier je ne t’ais pas écris ni je n’ais rien reçu de toi
je viens de recevoir à l’instant tes lettres du 10 et du 11
courant je suis toujours bien content quand je puis
te lire et apprendre de bonnes nouvelles de tous ceux
que j’aime. Je vois que notre Zizou est toujours bien dia-
ble. Soigne-là bien notre petit diable et fais lui boire
du vin du papa si elle en a besoin. Non je ne pourrai pas
aller gouter les cerises puisque on vous les vole. C’est tout de
même bien embêtant il y a des gens qui ont passable-
ment du culot. Le bruit persiste à Montbrison que la
guerre finira au mois de juillet. je n’en crois rien et cela
me parait presque impossible Pourtant . le temps me
dure énormément, je suis même très impatient, le
temps me dure de vous rejoindre pour toujours, de
reprendre notre vie commune ; comme nous serions
heureux ! Oh ! quand viendra-t-il ce beau jour. Ton
travail ne marche pas, décidément tout s’en mêle, la
vie va devenir de plus en plus difficile. tu me dis que tu
t’es faite photographier, le temps me dure de te revoir.
Pour moi ça ne va pas plus mal mais nous avons
toujours la pluie . Hier nous sommes allés travailler
aux avants-postes et nous avons reçu la pluie pour
revenir. Aujourd’hui j’ais fait la corvée de quartier.
Pour changer il pleut, si ce maudit temps dure
ce sera fort ennuyeux car nous devons reprendre les
avants-postes demain soir dans un endroit qui nous
est encore inconnu, on y est très rapprochés des bôches
100 mètres, il y pleut pas mal de grenades et torpilles
et il y a beaucoup de travail à y faire . C’est notre
lot, partout où nous allons il nous faut travailler
et monter la garde nous abondons à tout. Ah ! quand
diable ça finira-t-il ? … Que c’est long- que c’est long.
Hier j’ai reçu une carte de Thinet où il est photographié
avec son escouade. Il t’envoi bien le bonjour. Il se
porte toujours bien et s’attend à remonter dans un
secteur de Verdun. Je ne vois pas autre chose à t’appren-
dre : je m’ennui énormément loin de toi. Je ne cesse de
penser à mes deux gosses que j’aime par-dessus tout. Les
nuits je suis très agité et je m’endors difficilement en
pensant à nos beaux jours passés, à tout ce qui fut notre
bonheur. Quand revendront-ils ces beaux jours ?
Au revoir petite femme chérie. Ton Simon t’aime
de toutes ses forces, de toute son âme. Il t’envoi ses
plus douces caresses, ses plus tendres baisers. Souviens-toi
Mille bisettes à notre gamine. Bien des choses et
bonne santé aux grands-mères et à mes chers parents.
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