Recto
. 8 Août 1915
. Ma bien- aimée petite
. femme
Je viens de recevoir à l’instant tes
lettres du 4 et du 7 mais pour cette
dernière tu dois-t-être trompée de date
car nous sommes le 8 et les lettres ne vien-
nent pas si vite.
. Je suis toujours très heureux quand
il m’est permis de te lire et apprendre
de bonnes nouvelles de tous ceux que j’ai-
me, de ma Jeannot et de ma petite
Zizou, de mes deux gosses chéries qui
sont toute ma vie, tout mon espoir.
La vie n’est pas brillante loin de vous.
Cette longue séparation m’est de plus
en plus pénible et c’est avec énormé-
ment d’impatience que j’attend mon
Centre gauche
tour de permission pour avoir le droit
d’aller vous embrasser et passer deux ou
trois jours heureux près de ma petite femme
et de notre Zizou. Ce que je languis de vous
revoir, de me rendre compte des progrès ac-
compli par notre gamine dont tu t’efforce
à guider la main pour me gribouiller quelques
lignes de tendresse ; ça me fait beaucoup plai-
sir et je reprend courage en me rendant
compte que tout bonheur n’est pas mort
pour nous, au contraire ! nous sommes
peut-être destinés a êtres plus heureux
que jamais nous ne le sommes étés. Si
les évènements nous sont favorabls, que
de joie ma Jeannot de revivre toutes nos
caresses des premiers jours de notre amour
si grand ; que de joie de sentir que nos
cœurs n’ont pas vieillis qu’ils sont toujours
aussi jeunes et aussi tendres. Nous nous
sommes bien aimés, nous nous aimons
toujours et je te jure que mon cœur sera
toujours plein de l’image de ma mie
des bois qui est toute à moi et que je chérie
de toutes mes forces : Jeannot et Zizou !
Centre droit
Voilà les deux noms que je redis sans cesse
avec tendresses et qui résumeront toute
ma vie. Oui ! petite amie nous serons heu-
reux quoique nous ne serons pas riches :
nous travaillerons et nous serons unis.
Qu’importe ce qui s’est passé ! … Nous nous
aimons, pour ma part je ne pourrais vivre
sans toi, sans tes caresses : les tiennes… celles
du autre femme je ne les supporterais pas.
Pas un instant ma pensée ne vous quitte
Je vis de souvenirs et d’espoir. Amour
signifie pour moi : Jeannot Zizou.
Je vous aime ! je ne me lasserai jamais
de vous le dire… Je vous aime et j’attend im-
patiemment la fin de cette maudite guerre
si cruelle et qui .. hélas ! menace de durer
encore longtemps. Il ne faut pas y compter
pour le mois d’octobre ce serait se ce se vouer
à une désillusion. Au revoir mes êtres chers
essayons d’avoir du courage et de la patien-
ce. Espérons que des évènements imprévus
nous rendrons, plus tôt, notre vie commune
tant attendue. Peut-être ? Qui sait ! …
Verso
Je me porte pas trop mal. Il est midi
et demi et nous devons partir en marche.
J’ai reçu une lettre de mon frère Louis
qui se porte toujours bien mais toujours
son poignet qui le gêne. Il me charge de
t’envoyer bien le bonjour et milles
baisers à notre gamine.
Bien des choses à ta mère et à ta
grand-mère. De même à mes parents.
Bonne santé et bonne chance a
tous. Espérons que nous aurons le
bonheur de nous revoir bientôt.
Ton petit homme qui vit pour
sa Jeannot et sa Zizou.
Toutes mes meilleures caresses à mes
deux gosses aimées, mes plus doux baisers
à toutes deux. Je vous aime et
j’attend.
Ton Simon tout à toi
Bonjour de mes Collay
camarades
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