Recto
. 10 août 1915
. Ma Jeannot chérie
. Hier j’ai reçu ta lettre du 7 courant
mais je ne t’ai pas écris. Le matin
de bonne heure, 5h : nous sommes parti
au travail pour toute la journée, nous
ne sommes rentrés qu’après 6h.
. C’est toujours avec beaucoup de plai-
sir que j’apprend que mes deux chéries
ainsi que mes parents que j’aime se
maintiennent en bonne santé. Je suis
content que notre Zizou soit douée d’un
excellent tempérament et qu’elle profite
à merveille. Elle doit être gentille
tout plein et tu l’embrasseras souvent
pour son papa qui vous aime bien
toutes deux et qui est toujours de plus en
plus impatient de vous revoir et de
vous embrasser bien fort.
Centre gauche
. Chère petite femme : ne te fais
pas de mauvais sang au sujet de la
procuration : dans une lettre précé-
dente je t’en ai causé. Ne t’inquiète
pas de mon oncle, prend soin de notre
enfant, élève-la le mieux possible
pense à celui qui ne vous oubli pas un
instant et qui ne vit que pour ses
deux gosses qui sont tout son espoir.
Laisse faire les autres.
Hier j’ai reçu ton colis postal en
très bon état. Je te remerçi beaucoup
et te bise bien fort.
Dorénavant je ne pourrai plus te
dire tout ce qui pourrait me plaire.
Nous ne devons plus cacheter nos lettres
Nous n’avons plus le droit de causer
à nos familles à coeur ouvert ni de
dire toute la vérité. Nos lettres vont
passer sous beaucoup de regards indis-
cret. Voilà la liberté pour laquelle nous
travaillons et nous exposons notre peau
Centre droit
Plus ça va plus il me semble que notre
vie devient dure, plus il me semble voir
d’injustices. Quand donc finira-t-elle
cette guerre maudite si cruelle pour les
pauvres gens. Quand la l paix tant
attendue se laissera-t-elle espérer ?
Enfin ! Essayons d’avoir du courage et
de la patience. Attendons des évènements
qui changeront cette situation dange-
reuse.
Demain nous devons retourner aux
avants-postes. Espérons que tout se
passera bien et que les évènements
nous seront favorables jusqu’au
bout. Je m’ennui loin de vous et je
n’ai qu’une ambition : la fin de la
guerre qui nous rendra à la vie heureuse,
à l’affection de notre nos êtres chers qui nous
attendent impatiemment.
Jusqu’au 4 Jusqu’à aujourd’hui nous
avons eu beau temps mais malheureuse-
. ment
Verso
ça a l’air de vouloir changer, la pluie nous
menace. Ce ne serait guère agréable pour
remonter aux tranchées, ça le fait exprès
toujours de la boue quand nous sommes
aux avants-postes.
Au revoir ma chère petite femme
Ton Simon qui t’adore et qui pense
Souvent à nos beaux jours d’autrefois,
t’envoi ses plus tendres caresses et ses
plus doux baisers. Mille bisettes à notre
gamine. Bien des choses à ta mère
à ta grand-mère et à mes parents :
bonne santé à tous et qu’il me soit
permi de vous revoir bientôt.
J’attend ! et je t’aime.
Ton petit mari : Simon
Bonjour de mes Collay
camarades
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