Recto
. 5 août 1915
. Ma chère femme
Hier soir j’ai reçu ta lettre du 31 juillet.
C’est toujours avec beaucoup de plaisir que je lis
tes lettres et que j’apprend de bonnes nouvelles
de tous ceux que j’aime et suis très heureux de
savoir que notre chère gamine continu de pro-
fiter et que ses progrès sont toujours de plus en
plus sensibles ; elle doit être gentille tout plein
mais tu m’étonne quand tu me dis qu’elle
me ressemble et pourtant vous pouvez mieux en
juger que moi. Comme le temps me dure de vous
revoir et de vous embrasser toutes deux ; comme
je vous aime et comme c’est pénible de vivre
loin de vous. Nous pouvons prendre du courage
et de la patience, ma chérie, on nous a lu au
rapport que la guerre serait très longue et qu’elle
pouvait durer un an et peut être-plus, ils
ont eu le courage de nous dire pareille chose
c’est honteux et je me demande ce que le monde
va devenir, c’est a se demander si ça vaut la peine
de supporter pareille existence. Que pense-t-on a
Verso
l’arrière ? On nous a oublier et si on se souvient
de nous on doit trouver notre situation toute la naturelle.
Nous sommes arrivés hier à midi au village de
Chevincourt, nous étions tout mouillés de chaud
et très fatigués nous avons trouvé du petit vin
rosé à 13 sous le litre nous avions soif et nous
nous sommes trompés avec mes deux camarades,
ce vin nous a surprit et nous étions légèrement
gris ce qui m’arrive très peu, aussi ce matin j’ai
bien mal à la tête. Cet après-midi nous devons
aller travailler aux travaux de défense ça me fait
bien de la peine car le petit excès d’hier m’a très
fatigué , je n’y suis pas habitué.
Au revoir ma bien-aimée. Ton Simon t’ai-
me bien et t’envoi ses plus doux baisers et ses ca-
resses les plus tendres. Souviens-toi ! Je t’adore
et suis impatient d’embrasser mes deux chéries qui
sont tout mon espoir. Bien des choses à ta mère
à ta grand-mère et à mes parents. Bonne san-
té à tous. Je vous aime et j’attend.
Ton petit homme tout à toi et pour toujours.
Au revoir le plus tôt possible
Simon Collay Bonjour de
. mes camarades
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