. 7 Novembre 1917
( en haut à gauche : Tout / à toi et /
Pour toujours / N’oubli pas ! / Collay )
. Ma bien chère petite femme
. On m’a remi ce matin ta lettre du 2 courant
que j’ais lu avec beaucoup de plaisir. J’attend
toujours tes lettres avec impatience et je suis con-
tent quand je puis lire de bonnes nouvelles de
mes deux êtres chers et de tous ceux que nous ai-
mons. Notre Zizou se porte aussi bien que possi-
ble et le mauvais temps ne l’empêche pas de
courir dehors ; malgré la boue elle fait toujours
son petit diable. Ma Nonot : tu me dis que
ton travail marche un peu mieux ; ce n’est pas
encore le rêve mais comme tu le dis il faut pren-
dre ce qu’il y a. tu me dis que tu t’ennui, moi
aussi je m’ennui loin de vous à toujours atten-
dre la paix qui n’a pas l’air de vouloir se dé-
cider de sitôt. J’en ai plus qu’assez d’une pa-
reille existence de brûte loin de tout ce qui
m’est cher. Qu’y faire ? – Je ne vois rien.. qu’at-
tendre ! – toujours attendre et pourtant ce suis
bien las. Mais ces messieurs qui nous gouverne
ces messieurs qui étale leurs saletés dans les jour-
neaux, ces messieurs ne sont pas fatigués ; ils ra-
massent le pognon en vendant notre peau. C’est
du propre ! Je trouve que nous sommes bien la-
ches.. En sera-t-il toujours ainsi ?- Pauvre peuple :
comme ils savent bien te saigner de toutes façons.
Hélas ! Ça ne sert de rien de récriminer. Essayons
encore d’espérer que la chance ne nous abandon-
nera pas et que nous aurons de beaux jours a
vivre ensemble. Quel bonheur sera le notre si
nous étions enfin .. réunis pour toujours. Comme
je saurais bien aimer mes deux gosses chéries loin
desquelles il me faut vivre depuis bientôt 40 longs
mois. Que de souffrances morales et physiques de-
puis ce temps-là. Comme il serait grand temps
que ça cesse. Malheureusement la solution ne
me parait pas proche.
. Rien de nouveau depuis hier. Nous sommes
encore au même endroit. Il fait un sâle temps, il
tombe de l’eau. J’ais les pieds gelés. Vivement qu’on
nous sorte de par ici. Peut-être ce soir irons-nous
un peu plus à l’arrière. Espérons toujours .
. Au revoir ma Jeannot des bois. Embrasse bien fort
notre Zizou pour son papa qui pense à vous cons-
tamment et vous envoi ses plus douces caresses et
bisettes. Ton petit mari qui t’adore de toute son âme
et t’embrasse bien tendrement, comme pendant les 10
jours si vite passés et déjà si loin. Je t’aime ! J’attend !
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