Ma Jeannot chérie

Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

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6 avril 1917 : Nous sommes quatre, quatre sous l’uniforme.

9 avril 2017 Laisser un commentaire

Recto

Il nous faut toujours espérer il n’y a que ça qui puisse nous faire prendre patience.

Elle n’a guère besoin d’être malade

.                              6 avril 1917
( en haut à gauche : signature)
.              Ma Nonot bien-aimée
.        J’ais reçu hier soir ta lettre du 2 cou-
rant et aussi ton coli qui contenait deux
fromages, je ne les ais pas encore goûté mais
ils ont l’air bons. Je te remerci beau-
coup ma petite femme chérie pour
tout ce que tu fais pour moi.
.       Notre gamine est toujours enrhumée
mais elle ne doit pas être bien malade
puisque ça ne l’empêche pas de courir
dehors et de faire beaucoup de sottises
à sa grand-mère Génie. Il faut tout
de même faire attention et la tenir un
peu quand elle est fatiguée car les en-
fants sont vite malades.
.       Ton travail ne marche toujours pas
des mieux mais tu espère qu’il s’amé-
liorera. Espérons !…il nous faut toujours
espérer il n’y a que ça qui puisse nous
faire prendre patience.
.       Mamie ! tu as trouvé à ton goût
les initiales que je t’ais envoyé avec les
fleurs. Je t’en ais envoyé d’autres mais
sans fleurs les auras-tu reçu ? si oui !
J’espère qu’elles te conviendrons quoique
il y ai un défaut. Tu me diras si tu le
vois.
.       Dans ta lettre tu parle de la Clau-
dia, qu’elle va mieux. Elle n’a guère
besoin d’être malade elle aussi. Surtout
à présent que Joanny va partir lui aussi

 

 

Page 2

Finirons- nous par partir ? Il faut s’y attendre.

Nous y voilà tous à présent !

Ca doit bien l’ennuyer de quitter sa petite
vie bien tranquille pour subir les épreuves
bien dures et bien pénibles du métier de poilus
.    Nous y voilà tous à présent ! Nous som-
mes quatres, quatre sous l’uniforme.
.         J’ais reçu hier une carte du Georges
du 1er courant. Il devait partir le lendemain
pour travailler à l’arrière du front et a
une quarantaine de kilomètres d’où il
était. Il pense y rester une dizaine de jours
et partir ensuite en renfort pour un régi-
ment du front. Il est toujours en bonne
santé et doué d’un bon appétit.
.        Pour moi rien de changé depuis
hier. Nous attendons toujours sans
savoir à quoi nous en tenir. Finirons-
nous par partir ? Il faut s’y attendre
quoique je resterais bien ici jusqu’a
la fin de la guerre. Nous n’y serions
pas trop mal. L’autre jour je t’ais
écris que nous n’avions plus qu’un repas
de légumes par jour. Ça n’a eu lieu qu’un
jour après nous avons eu viande et légumes
aux deux repas ; seulement toujours un
de riz. Il ne faut donc pas trop se plain-
dre, nous mangeons mieux que les bôches
Les civils de par ici nous ont dit qu’ils
mangeait du chien ! Nous n’en sommes
pas là.
.         Cette nuit ça a gelé et aujourd’hui
il ne fait pas mauvais temps nous avons
eu du soleil mais malheureusement
le temps s’est assombrit et le vent s’est
levé. J’ais bien peur que ce soit encore
de la pluie ; il n’y en aurait pourtant
pas besoin.
.         La compagnie est à l’exercice pour
le moment. Je me suis arrangé pour
rester car je veux laver une paire de
chaussettes, des mouchoirs et cravates
car si nous partions je ne voudrais pas

 

 

Page 3

Je voudrais bien pouvoir t’envoyer un colis

Je ne suis pas près de vous revoir.

avoir du linge sale. Je voudrais bien pouvoir t’en-
voyer un coli. j’ais une paire de chaussettes qui aurait
besoin d’être réparée. j’ais deux aigles et une pointe de
casque bôche. S’il partait des permissionnaires je les
ferait emporté par un sergent qui doit aller à Montbri-
son ; mais les permissions marche mal s’il en part il
en partira que quatre par compagnie. Je ne suis pas
près de vous revoir. Vivement la fin de cette guerre que
nous soyons réunis pour toujours. J’attend impatiem-
ment. On dirait que l’Amérique veut se mettre avec
nous mais ce n’est pas fait encore. Vivement la Paix !
.         Au revoir ma Nonot des bois. Embrasse bien
Notre Zizou pour son papa qui ne cesse de penser a
Vous un seul instant. Bien le bonjour à ta mère.
Comment va-t-elle ? Bien des choses à chez moi
Bonne santé et bonne chance à toute la famille
.         Ton Simon qui t’adore et qui t’envoi ses plus
douces caresses et ses meilleures baisers. Je n’oubli pas
les jours heureux d’autrefois et il me tarde de les voir
revenir. Oui ! Nous serrons bien heureux si cette
guerre finissait et que nous soyons réunis pour tou-
jours.comme je saurais bien vous aimer mes
deux gosses chéries. Vous êtes tout pour moi…
.          Je t’embrasse comme je t’aime bien fort sur
ta bouche. Souviens-toi ? Quand pourrais-je goû-
ter à nouveau tes caresses et te prodiguer les miennes
J’attend ! ton petit homme tout à toi pour toujours

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2 avril 1917 : nous habitons un village évacué par les bôches.
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Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

Suite à un problème avec notre hébergeur/serveur, le site a perdu les lettres du 14 juin au 31 octobre (43 courriers,). Nous allons rééditer ces correspondances dans les semaines à venir. Merci de votre compréhension.

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