Ma Jeannot chérie

Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

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5 mars 1917 : J’ai de bien tristes réflexions et un cafard terrible.

6 mars 2017 Laisser un commentaire

Recto

Nous serions si heureux si cette maudite guerre terminait

Je suis comme le temps : horriblement triste !

Lundi                                  5 mars 1917
.           Ma gentille petite fenotte
.         Je n’ais rien reçu de toi aujourd’hui. J’attend
demain impatiemment pour pouvoir te lire.
.    Mamour. Nous avons un bien vilain temps
Cette nuit ça a tombé de la neige, qui dégèle a
présent ce qui fait énormément de la boue
.      Je me porte toujours bien mais je suis comme
le temps : horriblement triste ! Je ne sais ce que j’ais
aujourd’hui. Je suis seul en ce moment. Je viens
de penser à tout notre bonheur passé, à toutes nos joies
à tout ce qu’il me tarde de voir revenir. J’ais regar-
dé les images de mes deux gosses chéries ; de mes deux
êtres si chers et loin desquels il m’est si dure de
vivre. Nous serions si heureux si cette maudite
guerre terminait. Combien nous faudra-t-il vivre
encore de temps séparés. Je suis bien las… aujour-
d’hui plus que de coutume. J’ais de bien tristes réflexions
un cafard terrible. Je n’aurais jamais cru que la
vie nous réservait de si cruelles épreuves ma Jeannot
chérie. Quand je pense que c’est la troisième année
que nous vivons ainsi bien loin l’un de l’autre n’ayant
que nos lettres pour échanger nos pensées, nos espoirs
et calmer nos angoises. Je suis presque découragé
et j’ais peur… Aurais-je le bonheur d’échapper
jusqu’au bout au danger. Aurons- nous la chance
d’êtres réunis à nouveau et de revivre tout notre
bonheur, toutes nos joies. Ça serait si bon… je
t’aime tant. Oh oui je t’aime… plus que tu ne
le crois sans doute… Tu es tout pour moi, avec
notre gentille petite Zizou qui me rappelle de bien
beaux jours, les plus heureux de tous ceux que j’ais
vécu jusqu’ici, quel différence avec le présent si
amer et cruel… Aimer, se savoir aimé et passer sa
vie loin de toute affection, de toute tendresse, dans
l’attente d’évènements qui pourraient nous rendre tout
notre bonheur, mais qui – hélas…- ne se produisent pas.
N’aurons-nous pas bientôt assez souffert et ne serait-il
pas justes que nous soyons heureux. Avons-nous mérités
de souffrir de la sorte ? … Non… ! nous sommes les victi-
mes des ambitieux responsables de cette terrible catastrophe
déchainée sur le monde entier. Il n’y a pas de châtiment
assez terrible pour expier pareil crime.
.       Je suis fou de penser à tout cela, je ne sais ce
que j’ais aujourd’hui. Ça n’avance à rien de se faire
du mauvais sang. Mais c’est au dessus de notre

 

 

 

Page 2

Quand aurai-je la joie de vous revoir

On a toujours quelques
défaillances.

volonté. On a beau se dire qu’il faut être fort
pour supporter l’adversité, on a toujours quelques
défaillances. Et puis cette situation douloureuse
a déjà bien trop durée, il serait grandement
nécessaire qu’elle prenne fin…

.            Au revoir ma bien chère petite femme.
J’espère que demain je pourrais te lire et avoir
de bonnes nouvelles de mes deux gosses dont les
caresses me manquent. Quand aurais-je la joie
de vous revoir et celle bien plus grande encore
de reprendre ma place pour toujours près de
vous. Je ne pense qu’à cela – j’attend…

.           Mille bisettes à notre Zizou. Bonjour
à ta mère et à toute la famille. Bonne
chance à tous

 

 

 

Page 3

Je ne cesse de penser et de désirer l’heureux jour qui nous réunirait pour toujours.

Je souffre cruellement de notre séparation

.    Aujourd’hui j’ais reçu une lettre du Louis. II me
donne de bonnes nouvelles de la famille et me dit
quand revenant de permission il est passé par
Belfort et a eu la chance de passer deux heures
avec Georges qui est toujours en bonne santé et
ne s’en fait pas.
.     Je t’aime de toutes mes forces, de toute
mon âme, de tout mon cœur plein de toi.
Je souffre cruellement de notre séparation
et de cesse de penser et de désirer l’heureux
jour qui nous réunirait pour toujours.
.     Je t’embrasse bien fort sur ta bouche,
partout ta chère figure et t’envoi mes plus douces
et plus tendres caresses. Souviens-toi !
.  Je t’aime… Je suis tout à toi et ne puis
être heureux que par toi.
Ton Simon     Collay

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Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

Suite à un problème avec notre hébergeur/serveur, le site a perdu les lettres du 14 juin au 31 octobre (43 courriers,). Nous allons rééditer ces correspondances dans les semaines à venir. Merci de votre compréhension.

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