Dimanche 4 mars 1917
(en haut à gauche : signature)
(en haut à droite : j’ais bien
l’envie d’écrire au/ maire de Moingt
pour lui demander/pourquoi il n’a pas
daigner me répon/dre)
. Ma Nonot chérie
. Je viens de recevoir à l’instant ta lettre du
1er du mois. Je suis content de savoir que notre
petite Zizou n’est plus guère enrhumée ; malheu-
reusement qu’il n’en est pas pareil pour ta mère
il ne faudrait pas qu’elle fasse d’imprudence, il faut
toujours prévenir le plus possible la maladie.
. Chère petite femme. C’est bien embêtant que vous
manquiez de charbon, de pétrole, du sucre et que tout
soit horriblement cher. je me demande ce que ça va
faire si cette situation persiste. Certe ! ce n’est pas
drôle du tout. Tu dis que quand il y en aura assez ça
craquera et que le plus tôt sera le mieux. Hélas !
j’ais bien peur que nous vivions une période de ra-
tionnements assez longue. Ce ne sera pas une misère
générale qui amènerait forçément une solution.
mais malheureusement une gêne persistante qui
ne pourrait que nous faire souffrir plus longtemps.
après cette guerre maudite ce sera l’épuisement au
grand complet et la vie sera difficile pour les pauvres
gens. Mais qu’importe ! Si ça finissait seulement
que nous soyons réunis à nouveau, nous nous dé-
brouillerions bien et nous serions si heureux avec
notre gentille gamine. Tu me dis que ton travail
marche bien et que tu te porte très bien. Je suis heureux
de le savoir. Espérons que ça durera et que ces terribles
épreuves cesseront le plus tôt possible. La lassitude se
fait sentir un peu partout.
. Rien de changé pour moi. Je me porte toujours
bien et tousse bien moins. Toujours même temps.
J’ais eu froid cette nuit et aujourd’hui il ne fait pas
chaud du tout, mais nous n’avons pas de boue. J’ais
vu Perroton, Gaurand et Philibert qui t’envoient bien
le bonjour.
. Mamie ! tu me dis que le vingt se paie vingt sous
le litre. Je viens d’en acheter deux litres pour boire avec
les camarades. Je l’ais payé trente sous le litre et
il n’est pas bon du tout. Tu vois… c’est pour rien.
Au revoir ma petite fenotte chérie. Embrasse bien
notre Zizou pour moi. bien le bonjour à ta mère
à toute la famille. Bonne santé et bonne chance a tous
Ton Simon qui t’adore de toute son âme et t’envoi
ses plus douces caresses et t’embrasse des millions de
fois bien fort sur ta bouche et partout ton cher visage.
Je t’adore. Je t’aime et j’attend. Souviens-toi
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