Recto
. 1er août 1915
(A gauche, en travers sous les fleurs
Bonjour
de mes cama-
rades) Collay
. Ma Jeannot
. bien-aimée
Aujourd’hui je n’ai rien reçu
de toi, malgré cela j’espère
que toute la famille se main-
tient en excellente santé et que
ma lettre trouvera mes deux
gosses chéries aussi bien que possi-
ble. J’espère que notre petite Zizou
si diable continu à remuer a
tenant ses petites jambes et sa
petite langue.
Centre gauche
Chère femme :
J’ai reçu une lettre de
mon oncle où il me traite d’in-
grat et me dis que je ne dois pas
avoir la tête bien saine. Il me
fait savoir que personne n’ a a
voir dans sa conduite privée. Il
me dis que la procuration qu’il
me demande est pour retirer l’ar-
gent qu’il a plaçé à mon nom
et qu’il veut convertir en bons du
trésor. Enfin ! bref ! sur ce qu’il
m’a dit mais je lui ai répondu
que je ne pouvais pas signer ce
qu’il me demande et que je ne
devais pas me démunir du
peu d’argent qui pourrait nous
être utile plus tard. Il me dit que
je lui dois cette procuration et je lui
ai répondu que je ne le croyais pas
Centre droit
que quand j’ai vécu avec lui je lui ai tou-
jours apporté ma paie et que j’aurais bien pû
faire quelques économies, que ce n’est pas l’ar-
gent que je dépensais au café qui m’en au-
rait empêché. Je lui en ai dis même un
peu plus tant pis s’il n’est pas content
mais décidément je crois qu’il se fou de
ma fiole. Je lui ai dis que je n’était plus
un gosse que si jusqu’à présent j’avais
vécu sous sa volonté que sa conduite actuelle
me dispensait de continuer et que mon
devoir était de penser à notre gosse. Enfin !
bref : je ne lui envoi pas de procuration
et je ne crois pas lui en devoir. Plus tard
madame Berger sera sa compagne. Je
lui fais savoir que madame Berger sera
toujours pour moi une étrangère que je
respecterai mais que je ne considérerais
jamais comme ma tante, ma tante est
morte je ne l’ai pas oubliée.
Ma Jeannot : le 15 de ce mois c’est l’an-
niversaire de ma tante, tu me ferais bien
plaisir si tu faisait une visite à sa tombe
et lui portais des fleurs. Je l’ai bien ai-
mée et jamais elle ne m’aurait fait ce que
Verso
mon oncle me fait. Elle était bonne, elle a
toujours fait le mieux qu’elle a pu pour
moi. Tu me feras bien plaisir.
Rien autre à t’apprendre je suis toujours
aux avants-postes. La vie est toujours bien
pénible loin de toi et le temps me dure
de pouvoir vous embrasser bien fort et me
rendre compte des progrès accomplis par notre
Zizou qui doit être gentille tout plein.
Nous avons beau temps depuis 3 jours et
je souhaite que ce soit pareil à Montbrison.
Bien des choses à ta mère, à ta grand-
mère ainsi qu’ à mes parents quand tu les
verras. Bonne santé à tous et que la
joie de vous revoir me soit permise
le plus tôt possible.
Au revoir ma Jeannot que j’aime
tant . Souvent je pense à nos caresses
d’autrefois qu’il me tarde de voir revenir.
Ton Simon qui t’adore et t’embrasse
bien tendrement. Comme autrefois, au bois.
Souviens-toi ! Je t’aime et j’attend.
Mille bisettes à notre Zizou. Au revoir.
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