Ma Jeannot chérie

Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

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1er août 1915 : je lui ai dit que je n’étais plus un gosse

2 août 2015 Laisser un commentaire

 

Recto

ma lettre trouvera  mes deux  gosses chéries aussi bien que possible

Notre petite Zizou
si diable

.                                  1er août 1915

(A gauche, en travers sous les fleurs
Bonjour
de mes cama-
rades)                                             Collay

.                            Ma Jeannot

.                     bien-aimée

Aujourd’hui je n’ai rien reçu
de toi, malgré cela j’espère
que toute la famille se main-
tient en excellente santé et que
ma lettre trouvera mes deux
gosses chéries aussi bien que possi-
ble. J’espère que notre petite Zizou
si diable continu à remuer a
tenant ses petites jambes et sa
petite langue.

 

Centre gauche

Chère femme :
J’ai reçu une lettre de
mon oncle où il me traite d’in-
grat et me dis que je ne dois pas
avoir la tête bien saine. Il me
fait savoir que personne n’ a a
voir dans sa conduite privée. Il
me dis que la procuration qu’il
me demande est pour retirer l’ar-
gent qu’il a plaçé à mon nom
et qu’il veut convertir en bons du
trésor. Enfin ! bref ! sur ce qu’il
m’a dit mais je lui ai répondu
que je ne pouvais pas signer ce
qu’il me demande et que je ne
devais pas me démunir du
peu d’argent qui pourrait nous
être utile plus tard. Il me dit que
je lui dois cette procuration et je lui
ai répondu que je ne le croyais pas

 

Je ne lui envoi pas de procuration  et je ne crois pas lui en devoir

Mon devoir était de penser à notre gosse

Centre droit

que quand j’ai vécu avec lui je lui ai tou-
jours apporté ma paie et que j’aurais bien pû
faire quelques économies, que ce n’est pas l’ar-
gent que je dépensais au café qui m’en au-
rait empêché. Je lui en ai dis même un
peu plus tant pis s’il n’est pas content
mais décidément je crois qu’il se fou de
ma fiole. Je lui ai dis que je n’était plus
un gosse que si jusqu’à présent j’avais
vécu sous sa volonté que sa conduite actuelle
me dispensait de continuer et que mon
devoir était de penser à notre gosse. Enfin !
bref : je ne lui envoi pas de procuration
et je ne crois pas lui en devoir. Plus tard
madame Berger sera sa compagne. Je
lui fais savoir que madame Berger sera
toujours pour moi une étrangère que je
respecterai mais que je ne considérerais
jamais comme ma tante, ma tante est
morte je ne l’ai pas oubliée.
Ma Jeannot : le 15 de ce mois c’est l’an-
niversaire de ma tante, tu me ferais bien
plaisir si tu faisait une visite à sa tombe
et lui portais des fleurs. Je l’ai bien ai-
mée et jamais elle ne m’aurait fait ce que

 

Verso

le temps me dure  de pouvoir vous embrasser bien fort

La vie est toujours bien
pénible loin de toi

mon oncle me fait. Elle était bonne, elle a
toujours fait le mieux qu’elle a pu pour
moi. Tu me feras bien plaisir.
Rien autre à t’apprendre je suis toujours
aux avants-postes. La vie est toujours bien
pénible loin de toi et le temps me dure
de pouvoir vous embrasser bien fort et me
rendre compte des progrès accomplis par notre
Zizou qui doit être gentille tout plein.
Nous avons beau temps depuis 3 jours et
je souhaite que ce soit pareil à Montbrison.
Bien des choses à ta mère, à ta grand-
mère ainsi qu’ à mes parents quand tu les
verras. Bonne santé à tous et que la
joie de vous revoir me soit permise
le plus tôt possible.

Au revoir ma Jeannot que j’aime
tant . Souvent je pense à nos caresses
d’autrefois qu’il me tarde de voir revenir.
Ton Simon qui t’adore et t’embrasse
bien tendrement. Comme autrefois, au bois.
Souviens-toi ! Je t’aime et j’attend.
Mille bisettes à notre Zizou. Au revoir.

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Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

Suite à un problème avec notre hébergeur/serveur, le site a perdu les lettres du 14 juin au 31 octobre (43 courriers,). Nous allons rééditer ces correspondances dans les semaines à venir. Merci de votre compréhension.

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