. 4 février 1917
( en haut à gauche : Ton ( en haut à droite : Simon Collay
petit hom-/me qui t’a- Excuse l’écriture
dore et t’envoi j’ais les doigts
ses meilleures caresses gelés)
et ses plus doux baisers
Souviens-toi. Je t’aime)
. Ma Jeannot chérie
. J’ais reçu hier ta gentille carte du
31 écoulé. Il fait très froid vers vous, ici c’est pa-
reil. Je ne sais où me mettre pour t’écrire. Pour
manger il faut faire dégeler le vin et le pain aux
cuisines. C’est n’est plus une existence. Vous devez
bien avoir froid vous aussi comment allez-vous
faire pour avoir du charbon. C’est tout de même
bien ennuyeux. Tu me dis que le maire de Moingt
a distribué quelques quintaux de charbon et
qu’il garde le reste pour lui. Es-tu bien sûre de
cela. Renseigne-toi bien et si cela t’est possible
dis-moi combien il y avait de tonnes de charbon
[….] on m’a dit qu’il y en aurait eu 16 tonnes.
Combien en a-t-il donné ? Après si je crois que
ce soit utile je lui écrirai a monsieur le maire.
Ce serait tout de même malheureux que les pau-
vres gens se gèlent pendant que certains continuraient
d’accaparer le charbon. Le vin me dis-tu a gelé
dans la bouteille, mais notre Zizou doit bien avoir
froid, sespetites mains doivent êtres gelées. C’est tout
de même trop dure … Ah ! si toute cette bande de
fainéants étaient obligée de supporter les mêmes
privations, la guerre serait vite finie. Pas de dan-
ger que la canaille manque de quelque chose.
Si les ouvriers n’étaient pas si cons, il faudrait
que tout cela se paie à la fin de la guerre. Pour-
rais-je te lire ce soir, chère petite femme. Le
temps me dure que les lettres arrivent. Ils me tar-
de d’avoir d’autres nouvelles de mes deux êtres ché-
ries. Vivment que cette horrible guerre prenne
fin, que nous soyons enfin réunis. Au revoir
mamie chérie. Embrasse bien fort notre gamine
pour moi. elle doit bien avoir froid la pauvre
gosse. Bien des choses à ta mère, à mes parents
à toute la famille. Bonne santé à tous. Je t’aime
de toutes mes forces et ne cesse de penser à toi.
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