Ma Jeannot chérie

Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

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31 mars 1917 : nous sommes allés en marche manœuvre.

2 avril 2017 Laisser un commentaire

Recto

Elle a peur que ça l’empoisonne, ça ne risquera pas.

Elle aime bien le vin

.          31 mars 1917
.      Ma Jeannot chérie
.    C’est avec plaisir que je viens de lire ta lettre du
27 courant. Hier je n’ais rien reçu de toi. Je
suis bien content de vous savoir toujours en bon-
ne santé. Notre Zizou est toujours bien portante
mais toujours bien polissonne, elle ne cesse de vous
faire des sottises. Il faudrait qu’elle aille à l’école
pour la corriger, autrement vous n’en viendrez
pas à bout ; elle aime bien le vin et elle a peur que
ça l’empoisonne, ça ne risquera pas.
.           Mamie chérie, tu me dis que le tra-
vail ne va plus faute de matières et que tu
vas être obligée de rester sans rien faire. C’est
embêtant en effet, mais que veux-tu ce n’est
pas pour cela qu’il faut se faire du mauvais
sang, ça n’avancera rien. Oh ! vivement que
tout ce maudit commerce soit fini et que nous
soyons à nouveau réunis. J’attend je ne cesse
d’attendre.
.         Comme je te l’ais écris hier nous sommes
allé en marche manœuvre, il y avait tout le
régiment. Nous sommes partis vers midi
et ne sommes rentré que vers 5 heures ¼. Nous
nous sommes bien promenés et avons eu des
giboulées très serrées de grêlons. Tu parle d’un
temps tout fou. Ça s’est tout de même assez
bien passé et je n’étais pas trop fatigué.
.         Aujourd’hui tantôt il fait soleil, tan-
tôt il tombe de l’eau. Il y a beaucoup de
boue et nous n’avons pas trop chaud aux
pieds, mais nous sommes assez bien logés et
n’avons pas lieu de nous plaindre pour

 

 

Page 2

J’ai aussi raccommodé une musette.

Aujourd’hui j’ai eu du temps de libre

le moment. Ne te fais donc pas de mauvais sang
pour moi petite femme.
.    Aujourd’hui j’ais eu du temps de libre et j’en
ai profiter pour me faire des cravates que je n’en
avais pas une de bonne, j’en ais fait trois et n’ais
plus qu’à leur mettre des pressions. Tu parles si je
me suis excrimé de l’aiguille. J’ais aussi raccommo-
dé une musette. J’ais bien travaillé et je me fais
des compliments et me flatte seulement je ne suis
pas encore débarbouillé ni rasé et j’en ais pour-
tant besoin ; il va falloir m’y mettre.
.         On vient de nous dire à l’instant qu’il se
pourrait bien que demain matin nous partions
d’ici. Il faut s’attendre à quelque chose dans
ce genre. Il va me falloir ramasser tout mon four-
bi qui traîne un peu partout dans notre carré
et ranger nos sacs car il se pourrait que l’on ne
nous avertisse qu’au dernier moment, comme ça
arrive souvent.
.                      J’ais reçu aujourd’hui une lettre du
Georges qui me demande de mes nouvelles, il me
dit qu’il est inquiet sur mon sort car il n’a rien
reçu de moi depuis quelques jours et avec les
évènements actuels ça lui donne à réfléchir. Il com
commence à réfléchir. Je lui ais pourtant écris
mais les lettres marchent si mal, la sienne est du
il me dit qu’il s’attend à partir sous peu
mais il ne sait pas où. Rien à faire pour venir
au 38 car on n’accepte plus deux frères dans le
même régiment. Pourtant chez nous ils ne man-
que pas de frères qui sont ensemble. Enfin ! Il vaut
peut-être autant. Vers lui comme ici et comme
sans doute partout il fait un sâle temps .
.    Il termine sa lettre en me disant que la soupe
sonne et qu’il a une faim de loup. Comme je con-
nait son appétit je comprend que l’heure de la soupe
doit être d’une grande importance pour lui.
.    J’attend de lire le Louis car il y a déjà quelques
jours que je n’ai rien reçu de lui. Il m’avertira
bien s’il vient en permission. Le temps me dure
bien moi aussi de vous revoir. Ce que les jours
passés loin de vous sont longs et tristes. Attendre !
toujours attendre ! ça ne finira donc jamais ?
Espérons que si et que ce sera bientôt car il y a
bien trop longtemps que ça dure.

 

 

 

Page 3

Si l’on déménage demain je serai peut-être plusieurs jours sans avoir le temps de le faire.

Je vais me débarbouiller et me raser.

Je vais te quitter petite fenotte chérie. Je vais me débarbouiller
et me raser car si l’on déménage demain je serai peut-être
plusieurs jours sans avoir le temps de le faire. Et il y a beau-
coup de probabilités pour que nous partions demain.
.    Au revoir ma Nonot des bois. Embrasse bien fort
notre gamine pour moi. bien le bonjour à ta mère, à ta
grand-mère et à mes chers parents quand tu les verras.
Bonne santé et bonne chance à tous et vivement que
j’ais le bonheur de vous revoir le plus tôt possible. Vive-
ment que la Paix nous soit rendue. Je ne cesse de
penser à l’heureux jour qui nous réunira et au bonheur
qui sera notre. Que la chance soit avec nous jusqu’au
bout que j’ais le bonheur de vous être rendu.
.     Ton petit mari qui t’aime de toutes les forces de son
âme, de tout son cœur plein de sa chère Jeannot qu’il
adore passionnément. Souvent je pense à nos jours heureux
d’autrefois et à tes caresses si douces. Quand tout cela me
sera-t il rendu ? Que s’est dure de vivre loin de ce que l’on
a de plus cher au monde.
.         Je t’aime… bien… bien. je pense à toi continuellement
et t’envoi ses meilleures carsses et t’embrasse des millions
de fois bien fort sur ta bouche, tes yeux, ton cous partout
.        Au revoir gentille petite femme. Ton Simon
Tout à toi pour toujours.                    Simon
Il est à peu près sûre que nous           Collay
partions demain !

 

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Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

Suite à un problème avec notre hébergeur/serveur, le site a perdu les lettres du 14 juin au 31 octobre (43 courriers,). Nous allons rééditer ces correspondances dans les semaines à venir. Merci de votre compréhension.

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