Ma Jeannot chérie

Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

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30 janvier 1915 : C’est dimanche il est 7h ½ peut-être aurons nous repos.

30 janvier 2015 Laisser un commentaire

Décidément nous n’avons pas de chance

Tu n’avais pas assez d’avoir mal aux pieds
il faut que tu sois grippée aussi

Recto

30 janvier 1915
Ma Jeannot chérie
J’ai reçu avant-hier soir ta lettre
du 25 et hier celle du 26. Décidément
nous n’avons pas de chance, tu n’a-
vais pas assez d’avoir mal aux pieds
il faut que tu sois grippée par-dessus

 

 

 

 

Centre gauche

le marché. Soigne-toi, on ne parle

J’ai aussi reçu une carte de mon frère Louis

J’ai reçu une lettre de mon frère Joanny

pas d’économies quand l’on est malade
ce qu’il faut économiser avant tout
c’est la santé. Avant de reprendre ton
travail attend d’être complètement
guérie. Ne fais pas d’imprudence
il te faut de la chaleur tiens-toi chaude
j’ai reçu une lettre de mon frère Joanny
qui me donne de bonnes nouvelles de
chez moi. J’ai aussi reçu une carte de
mon frère Louis qui se porte toujours
bien, il me dit qu’il y a déjà quelques
jours qu’il est sans nouvelle de la fa-
mille.
Pour moi rien de changé. Hier
matin nous avons passé une revue
d’armes par le chef armurier, le soir
nous sommes allés travailler très loin
dans un bois. Aujourd’hui je ne
sais pas encore ce que nous allons
faire. C’est dimanche il est 7h ½
peut-être aurons nous repos. Il ne

 

 

Pourquoi sommes nous forçés de vivre ainsi séparés ?

J’ai les doigts gelés ce qui n’est guère commode pour écrire

Centre droit

fait pas chaud, j’ai les doigts gelés ce qui
n’est guère commode pour écrire.
Mon oncle m’a écrit et m’a envoyé
5 f. C’est toujours ça de pris.
Pour les permissions on dit que
c’est tout changé et j’ai bien peur
qu’au lieu d’aller vous embrasser le
mois prochain, d’être forcé d’attendre
3 mois. Aussitôt que je serai sûre de
ce qui sera décidé je te l’écrirai
Je ne voudrais pas que ce soit chan-
gé car le temps me dure bien de
revoir mes deux gosses chéries et
tous les parents. Pourquoi sommes
nous forçés de vivre ainsi séparés ?
C’est bien cruel et bien dure et le
temps me dure bien de voir finir
cette affreuse guerre qui menace de
trainer en longueur. Enfin ! atten
dons et patientons puisque nous ne
pouvons faire autrement. Peut-être
aurons nous le bonheur d’êtres à nouveau

 

Verso

Vivement la Paix

Tu verras petite femme que nous serons encore
heureux

réunis et pour toujours. Que les évé
nements m’épargnent et tu verras
petite femme que nous serons encore
heureux avec notre petite Zizou que
tu embrasseras bien fort pour son
papa. Soigne-toi bien et guérie
vite. Au revoir ma mie des bois
ton petit homme pense à toi
toujours et t’envoi mille millions
de baisers et de bien douces caresses
en attendant impatiemment
d’apprendre de bien meilleures nouvelles
de sa Jeannot. Bien le bonjour
à ta mère, grand-mère ; à chez
moi si possible. Bonne santé a
tous. Vivement la Paix
Ton Simon qui t’embrasse
bien tendrement en attendant
de te revoir et bien portante.
Simon     Collay
J’ai les doigts gelés.

 

 

________________________________________________________________________

 

Simon parle du quotidien entre deux montées au front : revue, exercice, travaux. Il reste discret sur ce qui se passe lorsqu’il est aux avant-postes. La météo n’est pas très favorable, le froid s’est installé.

L’évolution des relations familiales transparait, sans que ce soit très précis : on constate la personnalisation de la lettre, uniquement dédiée à Jeanne, ce qui était déjà arrivé, mais on apprend aussi que Simon a reçu 5 francs de son oncle. Il y a donc un envoi personnel de son parrain alors que jusqu’à présent il prenait une partie de la page que Jeanne écrivait. Est-ce la seule conséquence du « clash » arrivé en milieu de mois ? Jeanne a-t-elle changé de domicile ?

On constate aussi qu’il fait « donner le bonjour » à la mère de Jeanne, à sa grand-mère, il précise « à chez moi, si possible ». Faut-il en conclure un éloignement géographique de Jeanne et de sa belle famille ? Celle-ci étant sur Montbrison alors que les Vachez sont sur Moingt. Enfin, Simon ne donne pas la formule rituelle « prends soin de mon oncle à qui nous devons tant »….

Le rythme des lettres écrites est soutenu : une lettre par jour, sans doute pour Jeanne, une tous les deux jours pour Simon. Il n’y a aucune raison de penser que cela change dans les semaines qui viennent. Hélas nous ne pouvons pas le prouver car il y a une énorme lacune : pour le mois de février 1915 : deux lettres de Jeanne, les 11 et 12 et une seule de Simon, datée du 27… Il nous faudra donc attendre pour voir comment évolue la situation pour notre couple, que ce soit sur le front ou dans la Loire.

Ce n’est donc pas un abandon de notre part, simplement l’absence de matériel !

Rendez-vous dans une dizaine de jours…

 

 

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Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

Suite à un problème avec notre hébergeur/serveur, le site a perdu les lettres du 14 juin au 31 octobre (43 courriers,). Nous allons rééditer ces correspondances dans les semaines à venir. Merci de votre compréhension.

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