. 3 Janvier 1918
( en haut à gauche : cruelle/ ton Simon/
qui t’envoi ses / plus douces caresses/
souviens-toi !/ Collay )
. Ma gentille petite femme
. Hier je n’ais rien reçu de toi, encore un retard de
la poste sans doute. J’espère avoir plus de chance ce
soir et pouvoir te lire longuement.
. Pour moi rien de changé depuis hier. Je me porte
toujours assez bien et nous sommes toujours au
même endroit. Le temps est toujours bien froid. Heu-
reusement que nous pouvons nous chauffer tout a
notre aise par ici. Est-ce que çà durera ? Je ne crois
pas ; on parle que nous ne tarderions pas d’êtres relevés
par les américains. Cela ne m’étonnerait pas, le secteur
est trop bon pour nous. Enfin attendons nous verrons
bien. Mais ce que je voudrais bien voir c’est la fin
de tant de massacres et le retour à la paix.
. Et toi petite femme… Que fais-tu ? J’espère que
tu te porte toujours bien ainsi que notre Zizi ; que
ton travail marche toujours bien et que l’usine est
toujours bien chauffée et que vous n’endurez pas froid
. Vous devez avoir beaucoup de neige car je viens de
lire sur le journal qu’à St Etienne elle atteint un
mètre, sans doute qu’à Montbrison c’est à peu
près pareil. Tu ne peux peut-être plus aller travail-
ler et notre Zizou doit être bien ennuyée de ne pouvoir
sortir de la maison. J’attend avec impatience de te lire
il me tarde d’avoir de vos nouvelles et de savoir à quoi
m’en tenir. Je n’aime pas rester sans avoir de vos nou-
velles, surtout en ce moment. Avez-vous seulement de
quoi vous chauffer ? Si je pouvais seulement vous envoyer
un peu du bois qu’il y a par ici… Ah ! vivement … vive-
ment la paix et le retour d’une vie plus calme et plus
digne de personnes civilisées.
. Au revoir Mamour. Bise bien fort notre ga-
mine pour son papa. Donne bien le bonjour pour moi
à ta mère et à ta grand-mère. J’espère qu’elles vont très
bien toutes deux. Donne-moi donc un peu de leurs nou-
velles. Ta mère doit se faire du mauvais sang de voir un
temps pareil. Si tu vois chez moi tu leur donneras de
mes nouvelles. Bonne santé et bonne chance à tous
et vivement que j’ais la joie de vous revoir. Je m’ennui
bien loin de mes deux gosses chéries. A demain ma
Nonot. J’attend avec impatience que les lettres soient arri-
vées. Je ne t’oubli pas une minute ma petite fenotte. Je
t’aime de toutes mes forces, toi toute seule. Je t’adore de
tout mon cœur qui est plein de toi et de notre gentille
gamine. Ton petit mari qui attend avec impatience l’heu-
eux jour qui nous rendra tout notre bonheur. Que nous
serions heureux ma Nonot avec notre Zizi… J’attend ; je ne
cesse d’attendre… mais cette attente est bien longue et bien
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