3 décembre 1917
( en haut à gauche : Ton / Simon /
qui s’ennui / bien loin de ses /
deux gosses chéries / Quand serons-nous/
donc réunis pour toujours / Que c’est long /
Collay )
. Ma petite femme chérie
. J’ais reçu hier soir ta carte du 28 écoulé et ta
lettre du 29 à laquelle tu as joins la réponse de
Zacco, laquelle en effet n’est guère brillante Que veux-
tu nous n’avons guère de veine ; enfin puisqu’il doit
te causer tu verras bien ce qu’il te diras, mais ce n’est
pas la peine de compter là-dessus. Tu me dis aussi qu’il
y a du grabuge à St Etienne et que la police et la troupe
de Montbrison y sont parti. D’autres camarades l’on su
eux aussi mais on ne sait pas ce qu’il y a exacte-
ment, ce doit être encore messieurs les embusqués
qui doivent trouver qu’ils ne gagnent pas encore suf-
fisamment. Du reste je crois que les officiers viennent
d’être encore augmentés, les sous-officiers aussi, il n’y
a que le pauvre con de simple soldat, celui qui peine
le plus, celui-là n’est guère digne d’intérêts pour les
crapules qui nous commandent et nous gouvernent.
Mamie chérie. Je suis content de vous savoir en bonne
santé. Seulement vers vous aussi il fait bien mauvais
temps. Ici cette nuit il a tombé un peu de neige puis
ça a gelé. Je suis allé chercher la soupe dans la nuit, c’est
mon tour tous les deux jours et ce n’est pas une petite cor-
vée tu peux me croire, il y a un bon bout de chemin à faire
et dans des endroits pas facile à marcher, encore si les
boches ne tirent pas ça va ce n’est jamais que 2 heures
et demi de marche pénible, mais c’est souvent qu’il arro-
sent le terrain avec des obus et à la mitrailleuse. Hier
soir à 6 heures nous avons déménagé, le voyage a duré
trois quarts d’heure et nous sommes installés à nouveau
dans un autre abri boche car ma compagnie est de ré-
serve. Nous ne sommes pas trop mal pourvu que les
bôches nous fichent la paix. Je ne sais pas si nous mon-
terons aux tranchées d’avants postes, il faudrait bien que
nous soyons relevés avant, je pense que ça finira par ve-
nir car depuis que nous sommes par ici ce ne serait pas
malheureux qu’on nous en sorte.
. Mamie chérie. Tu me dis que Berger t’a fait dire
d’aller travailler, tu vas donc quitter l’usine Derung
tant mieux !. J’espère que chez Epitalon le travail se main-
tiendra et qu’il n’y aura pas de petit béguin pour t’opportu-
ner… Au revoir petite femme. Embrasse bien notre Zizi
pour son papa. Donne bien le bonjour à ta mère, à chez
moi, à toute la famille. Bonne santé et bonne chance à tous
Ton petit homme qui t’adore de tout son cœur plein de toi
t’envoi ses plus douces caresses et t’embrasse bien fort sur ta
bouche, tes yeux, ton cou partout. Souviens-toi. Attend –moi
Je t’aime bien … bien et ne t’oubli pas un instant.
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