Recto
. 29 septembre 1915
( en diagonale à gauche : (en diagonale à droite :
Toutes mes Tu m’avertiras
pensées à mes deux de la réception
gosses chéries qui sont des photos que
tout le but de ma vie je t’envoi et
Je vous aime aussi des lettres
et j’attends !…) à toi que je
. t’ai renvoyé
. dans une enveloppe
. séparée)
. Ma bien aimée
. petite femme
. Hier soir j’attendais impatiem
ment l’heure de la distribution des lettres
j’espérais avoir la joie de te lire mais
j’ai été déçu, je n’ai encore rien reçu
. de toi
Centre gauche
. décidément la
. correspondance mar
. che mal. Espérons qu’au
. jourd’hui j’aurai une
. ou plusieurs de tes
. lettres.
. J’ai reçu une lettre de mon père
datée du 24, il me donne de bonnes
nouvelles de toute la famille. Il me
fait savoir que mon frère Louis a
refait une demande pour passer
pilote, je n’en suis pas satisfait,
décidement quand on est à l’abri et
qu’on ne sait pas ce que c’est que
d’être exposé on fait toujours des bêtises
Je souhaite de tout mon cœur que sa
demande n’aboutisse pas.
. Je me porte toujours assez bien.
Nous avons toujours la pluie et le
vent et il fait froid, j’ai les pieds
gelées ; drôle de temps. Nous sommes
toujours au même endroit quoiqu
des bruits de départ circulent, on pour-
rait sans doute avoir besoin de nous
Centre droit
il parait que nous
avons eu assez
de succès ces jours-
ci, mais ce qu’il
doit y en avoir
des képis de rabiot
. Je m’ennui Je m’énerve ! Si ça
doit peter que ça pète et que ça finisse
car ce n’est pas une existence que
d’endurer les souffrances morales que
j’endure loin de toi ma Jeannot, loin
de notre petite Zizou. Vivement la
fin de cet horrible cauchemar et que
si notre bonheur doit nous être rendu
que ce soit le plus tôt possible. Sinon
tant pis. Je t’aime ! petite femme
je t’aime bien, j’aime notre ga-
mine et c’est impatiemment que
j’attend l’heureux jour du retour
près de vous. Comme nous serions heu-
reux si nous étions à nouveau réu-
nis ; comme nous serions heureux
tous les trois, avec quelle joie je ferais
Verso
. mon possible pour
. nous créer une existence
. aussi heureuse que possi-
. ble. Pourquoi avoir étés
. ainsi brusquement séparés
. pourquoi être aussi
éloignés l’un de l’autre quand on
s’aime comme nous nous aimons.
Enfin ! Essayons d’espérer et de
patienter le plus possible ; ça ne m’est
guère facile car je pense continuelle-
ment à vous et au bonheur qui nous
serait possible sans cette affreuse guerre
. Au revoir ma Jeannot. Ton petit
homme qui t’adore et t’envoi ses
plus douces et tendres caresses.
Mille bisettes au Zizou.
Bien des choses à toute la fa-
mille, à ta mère, grand-mère, a
mes parents. Bonne santé a
tous et qu’il me soit permi
de vous revoir bientôt.
Tout à toi pour toujours.
Simon Collay
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