Ma Jeannot chérie

Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

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29 juillet 1915 : Pour moi c’est la honte du XXème siècle

30 juillet 2015 Laisser un commentaire

découpe de la lettre du 29 juillet 1915

Monogramme de Jeanne et Simon

Recto

Je m’accomode mal de  rester sans te lire

J’attends toujours tes lettres avec impatience

(En travers, à gauche de la découpe
Mille bisettes à mes deux
chéries. Je vous aime)

(En travers, à droite de la découpe
N’oubli pas que j’attend
tes lettres impatiemment
Ecris le plus possible)
.                              29 juillet 1915

.         Ma Jeannot chérie
Je n’ai pas eu de tes nouvelles, ni
hier ni aujourd’hui. C’est bien en-
nuyeux et je m’accomode mal de
rester sans te lire. J’attend toujours
tes lettres avec impatience et je ne
puis m’empêcher d’être inquiet
quand je reste deux jours sans en
recevoir. J’espère que malgré

 

Centre gauche
(En travers à droite
J’aurai besoin d’un autre
tricot de peau.)

cela ma presente trouvera mes deux
gosses chéries bien portantes, de même
que toute la famille.
Hier j’ai reçu une carte de mon
frère Louis qui se porte toujours
bien à part son poignet qui n’est
pas encore guéri ; sa vie est toujours
aussi calme et il me charge de vous
envoyer bien le bonjour et mille
baisers. Lui aussi est impatient
de voir la fin de cette maudite
guerre.
Ma Jeannot . Je n’ai rien de
nouveau à t’apprendre, la vie ici
est toujours pareille et je m’ennui

Hier j’ai reçu une carte de mon frère Louis

Je n’ai rien de
nouveau à t’apprendre

Centre droit
toujours autant et même davantage
j’en deviens complètement abruti, sans
cesse je pense à vous au bonheur qui nous
serait possible sans cette affreuse guerre
qui fait tant de victimes et qui se pour-
suit toujours entretenue par la bêtise
humaine. Qu’ importe le deuil ! Qu’im
porte la misère des uns ! Il y en a qui
font fortune sur les ruines qu’amoncelle
la terrible faucheuse. Jamais il n’y
a eu tant d’égoïsme et moins de pudeur
Il en faut qui supportent pendant
que d’autres jouissent. C’est ce que l’on
appelle le progrès, la civilisation. Pour
moi c’est la honte du XXème siècle et la ruine
de tout sentiments humains. Enfin !…
Espérons qu’il n’en sera pas toujours
ainsi et qu’après en avoir tant vu et
tant enduré , il nous sera bien permi
de vivre une vie meilleure ; nous
serons égoïste nous aussi, nous vivrons
pour nous ma chère petite femme, pour
notre Zizou, pour ceux qui nous sont
chers. Hélas ! il nous faut encore prendre

 

Verso

il nous faut encore prendre patience et supporter cette affreuse situation

Jamais il n’y a eu tant d’égoïsme et moins de pudeur

patience et supporter cette affreuse situa-
tion qui ne veut pas s’améliorer. La
paix tant désirée par ceux qui souffrent
n’est pas encore probable et la campagne
d’hiver semble toujours de plus en plus déci-
dée. Espérons que des événements imprévus
viendront mettre un terme à tout le massacre
Aujourd’hui nous n’avons pas vu la
pluie et le soleil s’est montré, ce n’est
pas malheureux . Ce matin nous avons
eu plusieurs blessés dans les environs de
nos postes, toujours quelques victimes
de temps à autre, quoique nous soyons
dans un des secteurs les plus calmes.
Au revoir ma Jeannot, ton Simon
t’adore et t’embrasse bien tendrement en
songeant à nos douces caresses d’autrefois a
notre bonheur qu’il me tarde de voir reve-
nir. Mille bisettes à notre petite chérie
Bien des choses à ta mère, à ta grand-mère
et à mes parents. Qu’il me soit permi
de vous revoir le plus tôt possible
ton Simon qui brule de t’embrasser
bien fort comme il t’aime. Au revoir

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Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

Suite à un problème avec notre hébergeur/serveur, le site a perdu les lettres du 14 juin au 31 octobre (43 courriers,). Nous allons rééditer ces correspondances dans les semaines à venir. Merci de votre compréhension.

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